« Je sais que tu le peux ! »

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Autour de la table de Shabbat n° 342 Pin’has

Les faits de notre paracha sont connus, mais il est toujours bon de réviser nos classiques, Bil’am (le sorcier) n’a pas réussi sa tâche, béni soit Hachem ! Pourtant, il ne lâchera pas prise et donnera le conseil perfide à Balak (le roi) de faire trébucher les Bené Israël dans la faute. Car Bil’am le sait, le D’ d’Israël a en opprobre les rapports extra conjugaux et la débauche. Balak suivra son conseil et enverra les filles de Midian se prostituer près des enfants d’Israël. Les résultats iront au-delà de toutes leurs espérances puisque 24 000 jeunes hébreux périront dans l’épidémie (en punition de la faute. Comme quoi notre D’u punit bien sur terre les fauteurs). Au plus fort de l’hécatombe, Zimri ben Salou, un prince de la tribu de Chim’on, prendra la fille du roi de Midian (Kozbi bat Tsour) et se présentera devant Moché rabbénou et les anciens. Il demandera avec beaucoup d’arrogance : »Est-ce que cette fille de Midian m’est permise ou non ? Si vous me répondez négativement, alors pourquoi Moché s’est marié avec la fille du grand prêtre de Midian ? » (Pour ceux qui n’ont pas suivi les épisodes précédents, il faut savoir que Tsipora, la femme de Moché rabbénou est fille de Yitro et ce dernier était au départ prêtre à Midian). Seulement sa question est biaisée à l’image de tous ces gens éloignés de la communauté qui abordent les hommes en chapeau et chemise blanche en leur sortant la question (leur joker), où se trouvait Hachem durant la Shoah ? Or, il faudrait leur demander si cette question est un véritable questionnement ou plutôt un alibi au fait qu’ils ne veulent en aucune façon changer d’un iota leur manière de vivre et de concevoir leur vie. A cogiter car il est certain que Tsipora a reçu une bonne « guérouth (orthodoxe) ». Car déjà à l’époque de la sortie d’Égypte, Yitro avait adhéré corps et âme aux idéaux développés par nos saints patriarches (preuve en est puisqu’il a été mis en quarantaine par son peuple pour ses idéaux révolutionnaires). De plus, lors de l’événement du don de la Tora, toute la communauté est rentrée dans l’Alliance avec D’ grâce à une conversion en bonne et due forme au pied du Mont Sinaï. Donc même si Tsipora était native de Midian, elle avait coupée tout lien avec son passé d’idolâtre. Pour Zimri c’était bien différent car il tenait à provoquer le public en se permettant une femme étrangère qui n’avait fait aucune démarche pour accepter le joug de la Tora et des Mitsvoth. Zimri ira encore plus loin dans son effronterie puisqu’il prendra Kozbi la princesse et s’isolera avec elle dans sa tente à la vue de tout le monde ! Personne ne réagit devant son insolence si ce n’est Pin’has. Il se souvint de la loi. Il prit sa lance, pénétra dans la tente et transperça les fauteurs (voir le Midrach qui enseigne qu’il a eu droit à 10 autres miracles). Suite à son action d’éclat, l’épidémie s’arrêta et Hachem lui donna l’alliance de la paix : il deviendra Cohen et aura droit à la vie éternelle puisque nos Sages enseignent que Pin’has c’est le prophète Elyahou. Or on le sait, Elyahou n’est pas mort comme tous les mortels puisqu’il est monté au Ciel vivant dans un char de feu. De plus notre tradition précise qu’à chaque Brith Mila ce prophète se tient présent.

Le rav Gamilel Rabinovitch chlita (Tiv Hakehila Pin’has 3ème année) pose une question. Pin’has a-t-il été adulé par la foule après son acte de bravoure ou non ? Et de répondre suivant le verset de la paracha, « Pin’has fils d’Eliézer fils d’Aharon a stoppé Ma colère (dit Hachem) ». Rachi fait remarquer que le verset donne la filiation de Pin’has (jusqu’à son grand-père paternel) car les tribus se moquèrent de lui. Ils disaient « Voyez le petit-fils de celui qui a engrossé les veaux des idoles (Yitro) qui tue un prince d’Israël ». Afin de faire taire tous les railleurs, le verset a eu besoin de souligner que Pin’has est aussi le petit fils d’Aharon (du côté paternel). On voit donc que les tribus se moquèrent de Pin’has du fait que son grand-père maternel (Yitro) avait dans un passé lointain servi les idoles. Malgré tout, son action sera couronnée par la consécration de D’ puisqu’Il lui donnera l’alliance de la paix.

De là apprend le rav Rabinovitch, un homme peut faire de grandes actions salvatrices et pourtant ne pas recevoir l’aval de son entourage. Ce n’est pas pour autant qu’il devra s’en abstenir ou baisser les bras devant la tache ! Un homme doit savoir que la véritable récompense vient de D’ et non les hommes (dans ce monde ou dans celui à venir car il n’existe pas d’oubli devant le Créateur).

Je rajouterai à ces paroles intéressantes le commentaire du Gaon de Vilna sur la Meguila de Ruth. On connait son récit. Ruth et la fille du roi de Moav près de 4 siècles après la traversée du désert qui se marie avec un des fils de Naomi sa belle-mère. Après la mort de son mari et de ses fils, Naomi décidera de rentrer en Terre Sainte. Lorsqu’elle prit la route, sa belle-fille Ruth l’accompagnera. Elle avait décidé de devenir une fille juive authentique, quitte à glaner des épis de blés dans les plaines de Judée. Naomi l’en dissuadera mais Ruth persévéra. A un moment, Naomi cessera de la repousser. Le Gaon explique que c’est au moment où Ruth peinait pour suivre sa belle-mère sur la route que Naomi arrêta de la repousser. Explique le Gaon. Lorsque Naomi vit que sa belle-fille faisait de gros efforts, elle comprit ses bonnes intentions. Explique le Gaon, un homme peut choisir de faire des Mitsvoth ce qui est déjà bien mais c’est possible que l’élan provienne du mauvais penchant (dès fois l’homme veut apprendre la Tora pour que ses copains le considèrent comme le Tsadik de la bande… Donc l’engouement pour la Tora n’est pas entièrement louable). Mais, lorsque la Mitsva se fait dans la peine le Yétser alourdit la tâche, c’est la preuve qu’on est dans le droit chemin. En effet, le Yétser s’attaque lorsque l’on désire s’élever. La difficulté dans la Mitsva est donc une preuve qu’on est sur le bon chemin.

Je finirai par une anecdote intéressante. Un jeune élève s’est présenté au ‘Hazon Ich (sommité de Tora à Bené Brak décédé en 1953). Le jeune n’avait pas particulièrement envie d’étudier la Tora. Le rav lui demanda : »Pourquoi n’étudies-tu pas ? » L’élève répondit : « Parce que l’enseignant qui m’apprend le Talmud m’a dit que je n’ai pas la tête pour cela. » Le Hazon Ich répondit : »Ton enseignant peut se tromper« . Le jeune continua : »Le directeur d’école est du même avis que mon maître ». Le ‘Hazon Ich : « Lui aussi peut se tromper ! » « Mon père m’a dit la même chose ! » « Il peut également se tromper ! » « Mes amis sont du même avis ! » « Eux aussi peuvent se tromper, ne crois en personne ! » Le rav lui demanda : « Quel traité tu étudies ? » Il lui répondit et le rav lui posa une question très facile (pour être sûr qu’il allait lui répondre juste). » Après que ce jeune donna la solution, le rav dit : »Tu vois que tu le peux ! Ne crois en personne …  » Le jeune persévéra et s’accrochera à son étude, il deviendra un des Roch Yechiva les plus importants en Terre sainte ! A cogiter.

« Je sais que tu le peux » version Stanford Hill

Notre histoire se déroule à Londres dans la grande métropole d’Angleterre. Là-bas, dans un des quartiers juifs de la ville, Stamford Hill, il est 23 h 30. Le dernier office en Minian du quartier se termine, et tous les fidèles regagnent leur foyer. Parmi les fidèles, se trouve un homme nanti de la communauté, Isaac, qui va récupérer sa magnifique voiture garée à quelques rues de là. Seulement, au moment où il s’approche de son véhicule trois gaillards font éruption juste derrière sa voiture. L’un des trois le frappe fort sur le dos en lui disant, « Hy! Tu veux bien me donner ton argent!? Si tu as une objection on te le rendra après ton enterrement ! » Cela ne laissait aucun doute sur leurs intentions ! De plus notre homme avait en sa possession une sacoche avec une forte somme d’argent. Notre Juif leva les yeux au ciel afin que le Tout Puissant ait pitié de lui. Il essaya alors de ne pas perdre son sang-froid, se ressaisit et lança au chef de la bande: « Dis-moi, tu me parais un homme dans le fond bon. Tu n’es pas la trempe de ceux qui tuent un homme de sang froid ! Pourquoi tu veux cet argent ? Et quels sont tes besoins ? Je suis prêt à t’aider ! » Le chef de la bande était désarçonné par une telle attitude. En général, les gens hurlaient ou se débattaient mais jamais ils ne répondaient de cette manière ! Le voyou dira: « J’ai besoin de boire ! Et je n’ai pas l’argent pour acheter ma bouteille ! » Isaac lui demanda combien coûte sa boisson »? Il répondit, 5 livres. Notre Juif lui tendra alors un billet de 10 livres. Le « gentil » acquiesça, prit le billet et repartit avec ses acolytes (alcooliques dans l’âme !). Notre homme est encore tout étourdi de ce qui venait de se passer. Lève les yeux au ciel avec une grande prière de remerciement ! Isaac encore tout tremblant prend sa voiture et rentre à la maison. Cette nuit, il aura beaucoup de mal à trouver le sommeil… A 5 h 15 il repart pour la synagogue à la prière du Nets (à l’heure du lever du soleil). Il gare sa voiture au même endroit où il y a à peine quelques heures s’est déroulé le prodige. Sort de sa voiture et se dirige vers le lieu de prière. Une nouvelle fois son cœur commence à battre à 150 ! En face de lui se trouve de nouveau le chef de la bande de la veille ! Isaac ne sait pas ce qui l’attend, il fait le « Chema’ Israël » entre ses dents ! Et voilà que le gaillard vient en sa direction et lui tend, 5 livres sterling! Il dit : « Je t’avais dit que je n’avais besoin que de 5 livres pour acheter ma bouteille ! Donc je te rends la monnaie ! » Isaac est bouche bée, comment un bandit lui tend la monnaie de son larcin ? Il lui demande, que se passe-t-il pour que je te rencontre deux fois en moins de 12 heures ? Le gaillard lui donnera son explication: « Je suis un étudiant en fac qui n’a pas tellement réussi dans les études… Or, tout mon entourage m’a bien fait ressentir mes déboires dans mon cursus éducatifA cause de tout cela, j’ai commencé à boire le soir afin d’oublier mes échecs. Avec le temps, j’ai commencé à devenir accroc à ma bouteille et je ne pouvais plus m’en passer ! J’ai commencé à faire des petits larcins afin d’assouvir mes besoins ! Hier, je t’ai observé avec ta belle voiture et ta sacoche remplie de sterlings, j’aurais pu en finir avec toi en un clin d’œil ! Seulement, j’ai entendu de toi quelque choses que JAMAIS je n’ai jamais entendu de quiconque : « Tu sembles un homme bon, faire un tel braquage n’est pas convenable de ta part. » Cela fait des années que j’attends que quelqu’un me dises ces mots ! Tous les jours j’entends que je suis un nul, un double zéro, un bon à rien… Et voilà qu’au milieu de la nuit j’entends enfin quelque chose de bon à mon sujet ! C’est à ce moment que je me suis dit dans mon for intérieur que je ne te toucherai pas ! J’ai pris l’argent pour ma dose, mais je tiens à te rendre la monnaie ! » Et après ces aveux, le gaillard essuiera des petites larmes qui coulaient sur son visage et il déguerpit ! Isaac arriva finalement sans encombre à la synagogue et raconta à tout le monde son aventure ! Fin de l’histoire vraie !

On voit de cela combien de simples mots peuvent opérer une véritable révolution auprès d’hommes qui sont tombés très, très bas ! Pareillement dans nos familles, des simples mots ont le pouvoir de faire sortir le bien enfoui profondément dans les cœurs obstrués… La parole construite, pleine d’attentions et sans colère au sein de nos familles aura le pouvoir d’élever très haut l’entourage! Hazak venit’hazek !

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.

David Gold

Une bénédiction de longue vie à Ye’hia ben Zahari et à Alice Haïcha Ben Simha Julie

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