L’administration Obama a versé de l’argent public à un groupe lié à Al-Qaïda

0
383
President Barack Obama pauses while speaking in the Brady Press Briefing Room at the White House in Washington, Thursday, April 23, 2015. The president took full responsibility for deaths of American, Italian hostages, expresses apologies. (AP Photo/Susan Walsh)

Une enquête menée conjointement par i24NEWS et le forum du Moyen-Orient a révélé que l’administration Obama a versé l’argent du contribuable américain à un groupe affilié à Al-Qaïda au Soudan. Cet argent aurait été transféré à l’organisation alors même que le gouvernement s’était déjà rendu compte de son erreur.

L’agence américaine pour le développement international, l’USAID, a versé 200 000 dollars à l’Agence islamique de secours (ISRA). Cette organisation, basée à Khartoum, capitale du Soudan, est reconnue comme étant une entité terroriste et figure sur la liste noire des Etats-Unis pour avoir financé les activités d’Oussama Ben Laden et d’autres groupes terroristes, notamment le Hamas.

Des sources indépendantes ont confirmé à i24NEWS que l’octroi de fonds avait cessé dès lors qu’il était devenu évident que l’ISRA figurait sur la liste noire américaine. Mais malgré cela, le Trésor américain avait émis un permis spécial autorisant un virement de 125 000 dollars à l’ISRA, sachant pourtant qu’il commettait une erreur.

En février 2014, l’USAID avait autorisé un virement de 723 405 dollars à World Vision, une œuvre de charité chrétienne internationale. Sa mission ? Venir en aide aux personnes déplacées dans le Nil Bleu, un Etat du Soudan déchiré par la guerre. Selon l’accord de financement, 200 000 dollars devaient être versés à un sous-bénéficiaire, l’Agence islamique de secours, à des fins humanitaires pour les personnes déplacées.

Et pourtant, dix ans plus tôt, le gouvernement de George W. Bush avait identifié l’ISRA comme étant une entité terroriste mondiale qui finançait les activités d’Oussama Ben Laden et d’autres groupes terroristes. En octobre 2004, le département du Trésor américain avait annoncé que l’ISRA était « formellement affiliée » à Maktab Al Khadamat, groupe précurseur d’Al-Qaïda, et que ses bureaux internationaux « finançaient directement » Oussama Ben Laden.

Kevork Djansezian / AFPFormer President George W. Bush
Kevork Djansezian / AFP

Le Trésor américain a également établi que l’ISRA « servait d’intermédiaire au Hamas » dans un pays européen dont le nom n’a pas été divulgué au cours de la deuxième Intifada au début des années 2000. L’ISRA a ainsi récolté des fonds et les a transférés aux territoires palestiniens afin de perpétrer des attentats terroristes contre les Israéliens.

Cette désignation bloquait tous les virements américains à l’ISRA et quiconque versait des fonds à cette organisation commettait un délit. L’ISRA figurait sur la « Liste des personnes spécifiquement désignées » de l’Office of Foreign Assets Control, le bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) dépendant du Trésor américain et était également signalée dans la base de données gouvernementale des fournisseurs de services en tant qu’organisme restreint ou interdit.

L’ISRA figurait sur la « Liste des personnes spécifiquement désignées » de l’Office of Foreign Assets Control, l’organisme de contrôle financier dépendant du département du Trésor américain (OFAC) et était également signalée dans la base de données gouvernementale des fournisseurs de services en tant qu’organisme restreint ou interdit.

Dans le cadre de l’accord de financement avec l’USAID, l’association World Vision a dû vérifier que l’ISRA ne figurait pas sur la liste des sanctions américaines. World Vision a déclaré à i24NEWS qu’elle a cherché dans la liste noire des groupes terroristes le nom « Secours islamique » au Soudan mais qu’elle n’a rien trouvé. La cause ? La base de données répertorie en réalité l’ISRA dans le Missouri, à l’adresse où se trouvaient anciennement ses bureaux américains.

La raison pour laquelle l’USAID n’a pas pu vérifier que l’ISRA figurait sur la liste noire n’est pas claire. Un fonctionnaire affirme que les partenaires de l’USAID ont la « principale responsabilité » d’effectuer ces vérifications mais l’USAID « n’a pas identifié l’ISRA comme étant une organisation soumise aux sanctions américaines au moment du premier versement financier ».

L’association World Vision a déclaré qu’en mai 2014, elle avait renouvelé sa demande pour être inscrite en tant qu’association caritative opérant au Soudan avec l’ISRA comme sous-bénéficiaire. Elle affirme que le Trésor avait approuvé cette demande en août « sans aucun commentaire ou question » concernant l’ISRA.

En novembre 2014, World Vision avait averti l’USAID qu’il y avait des chances pour que son partenaire local soit la même Agence islamique de secours que celle qui figurait sur la liste des sanctions du Trésor américain. A partir de là, World Vision a suspendu ses transactions avec l’ISRA et l’USAID a, de son côté, averti le département d’Etat et le Trésor.

L’USAID a confirmé avec le Trésor que l’ISRA « semble être la même entité » que celle qui figure sur la liste noire et, en février 2015, a écrit à World Vision en lui demandant de suspendre tout virement à l’ISRA.

« L’ISRA n’aurait jamais dû être un sous-bénéficiaire de l’USAID », a déclaré un fonctionnaire de l’USAID, ajoutant que l’agence « a immédiatement corrigé le tir », notamment en mettant en place de nouvelles directives demandant à son personnel de sélectionner attentivement les organisations à qui l’association octroyait des fonds en vérifiant si elles ne figuraient pas sur la liste noire des organismes reconnus comme étant des entités terroristes.

Malgré cela, au mois de mai 2015, l’OFAC accorde à World Vision l’autorisation d’effectuer un virement de 125 000 dollars à l’ISRA à Khartoum.

Cette somme comprenait 115 000 dollars destinés à une action humanitaire qui, selon World Vision, « avait déjà été validée et achevée dans le cadre de la subvention » de l’USAID.

Cette révélation confirme que le gouvernement Obama a autorisé en pleine connaissance de cause le transfert de l’argent du contribuable américain à une organisation terroriste qui figurait sur la liste noire du gouvernement des Etats-Unis.
HO/AFP/ArchivesCapture d’écran non datée dans un lieu inderminé d’Oussama ben Laden
HO/AFP/Archives

Selon le fonctionnaire de l’USAID, le reste des 125 000 dollars était destiné à « un autre accord de financement entre Irish Aid et World Vision ».

Le département irlandais des Affaires étrangères a démenti cette allégation et a déclaré à i24NEWS qu’ »aucun fonds irlandais n’a été transféré à l’Agence islamique de secours » dans le cadre de son accord avec World Vision, insistant sur le fait que ses partenaires sont tenus de se conformer à plusieurs lois et régulations, « notamment des règles relatives au financement du terrorisme ».

Selon un fonctionnaire de l’USAID, l’OFAC a émis le permis autorisant le virement à l’ISRA « en consultation et sur les conseils » du département d’Etat en 2015.

Le département d’Etat a refusé de préciser pourquoi il a recommandé au Trésor d’autoriser ce transfert de fonds à l’Agence islamique de secours à Khartoum.

Heather Nauert, porte-parole au département d’Etat, a affirmé à i24NEWS que les membres du gouvernement Trump « n’étaient pas impliqués dans les décisions relatives à ce financement ou aux permis qui en résultent » car ils « ont eu lieu sous l’administration précédente ».

Mais David Wade, qui était chef d’Etat-major de John Kerry à l’époque, a affirmé à i24NEWS que c’était la première fois que lui ou Kerry entendaient parler de l’aide de l’USAID à l’ISRA. « En général, les subventions financières ne sortent pas du bureau du secrétaire d’Etat », a-t-il assuré. Je ne me souviens pas que le secrétaire ou moi-même ayons eu connaissance d’une subvention particulière, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne ».

Le département du Trésor américain n’a pas répondu aux questions d’i24NEWS concernant la raison pour laquelle il avait délivré un permis spécial pour envoyer le reste de la subvention à un groupe reconnu comme une entité terroriste. Jacob Lew, secrétaire du Trésor à cette époque, n’était pas joignable.

Dans un communiqué, World Vision a assuré que « notre démarche de sélection est fiable… et nous condamnons le terrorisme et le financement de ces activités avec la plus grande fermeté ».

« Nous n’avons aucune preuve que nos dons ont été utilisés à des fins autres que pour des actions humanitaires urgentes », affirme l’organisation.

Ce n’est pas la première fois que l’USAID est impliqué dans le financement de l’ISRA. Le bureau américain de l’ISRA, également connu sous le nom de l’Agence islamique américaine de secours, a plaidé coupable en juillet 2016 pour avoir illégalement versé 1,4 million de dollars à l’Irak, violant ainsi les sanctions américaines. La mise en examen a révélé que l’USAID a versé à l’ISRA environ deux millions de dollars pour une action de secours au Mali à la fin des années 90 mais que deux fonctionnaires de l’ISRA avaient fait de la rétention de fonds de manière illégale pour ensuite réinjecter cet argent tout aussi illégalement en Irak.

Selon l’accusation, le bureau du Michigan aurait envoyé à l’ISRA environ 130 000 dollars pour aider le seigneur de la guerre Gulbuddin Hekmatyar. Dans la même affaire, un ancien membre du Congrès du Michigan, Mark Deli Siljander, a été incarcéré en 2012 pour avoir fait pression au nom de l’ISRA afin que l’organisation soit retirée de la liste du Comité financier du Sénat qui répertorie les associations caritatives suspectées de financer le terrorisme.

Le mystère demeure autour de la raison pour laquelle l’OFAC a autorisé le transfert de l’argent du contribuable à un groupe officiellement reconnu comme entité terroriste et de l’identité de la personne au département d’Etat qui avait conseillé d’effectuer une telle action.

Autre élément encore obscur : qui, au sein du gouvernement Obama, était au courant de cette erreur ? Et, si le secrétaire d’Etat l’ignorait, pourquoi le personnel administratif a-t-il pris cette décision sans consulter sa hiérarchie politique ?

Ecrit par Eylon Levy, journaliste d’investigation pour i24NEWS. Twitter: @EylonALevy

Source www.i24news.tv

Aucun commentaire

Laisser un commentaire