Le rabbi de Kalov : Le fondement de la sainteté

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Nous fêtons actuellement ‘Hanoucca, qui célèbre la victoire miraculeuse sur les Hellénistes survenue il y a plus de deux mille ans. En cette période, il convient de nous demander comment triompher des Grecs de notre époque.

Les Grecs ont cherché à éliminer la sainteté des Juifs qui s’étaient écartés des conduites impures. D’après les ouvrages sacrés, l’un des motifs de la circoncision tient au fait que cette Mitsva consistant à couper le prépuce réduit l’intensité du désir et permet à l’homme de canaliser ses désirs conformément à la Tora. C’est pourquoi les Hellénistes ont cherché à bannir cette pratique, un obstacle à la réalisation de leur objectif.

En réalité, la mission de l’être humain dans ce monde consiste à affaiblir l’emprise de ses passions, à acquérir la maîtrise de soi et à faire usage de ses désirs uniquement de manière à obtenir un bénéfice spirituel. L’idéologie grecque, en revanche, était hédonistique, c’est-à-dire qu’elle jugeait inutile de placer des limites aux désirs humains. Les Hellénistes mirent en place un terrible décret sur les jeunes fiancées juives, les empêchant de se marier selon la tradition juive en les contraignant à passer leur nuit de noce avec le gouverneur grec.

À notre époque, l’idéologie grecque de l’hédonisme s’est beaucoup répandue, au point de faire tomber toutes les limites de bienséance existant dans les générations précédentes chez les personnes pieuses, même non-juives, et les sentiments de honte et de retenue qui empêchaient les hommes de fauter et d’inciter les autres à fauter ont malheureusement disparu.

À notre époque, parents et enseignants doivent guider leurs enfants à se renforcer dans le domaine de la pureté des mœurs, afin qu’ils ne soient pas attirés par ce fléau d’impureté. Tout comme un enfant a besoin d’être guidé afin de connaître les lois de la première partie du Choul’han Aroukh, tels les interdits du Chabbath, ils doivent également s’initier aux interdits enseignés dans le Choul’han Aroukh (Even Ha’ézer, surtout les chapitres 20-24). Comme ce sujet doit être constamment renforcé, il est recommandé d’évoquer occasionnellement ces sujets en public, de manière globale. Lorsqu’on s’adresse à quelqu’un en privé, il faudra parfois se montrer plus spécifique, si nécessaire. Il convient également d’encourager l’étude d’ouvrages de Moussar (éthique juive) sur ce thème.

Les Kabbalistes se réfèrent à ce mode de vie de sainteté en le nommant Yessod (fondation), car c’est la fondation de toute l’humanité. Lorsque cette fondation est endommagée, l’édifice entier se fragilise, entraînant une indifférence et une froideur dans la réalisation des Mitsvoth, ainsi qu’un préjudice porté aux bons traits de caractère de l’individu.

Lorsque mon vénérable ancêtre, rabbi Its’hak de Kalov, accepta le poste de grand-rabbin de la ville de Kalov et des bourgades avoisinantes, il prit connaissance d’une terrible brèche : garçons et filles dansaient ensemble aux mariages. Il comprit que c’était la raison principale pour laquelle le judaïsme était si faible dans cette région. Il informa immédiatement les habitants de la ville qu’il comptait participer à chaque mariage du début jusqu’à la fin. Il décréta également qu’un seul mariage pouvait avoir lieu par soirée. De ce fait, il prit du temps sur son emploi du temps chargé pour diriger chaque danse, afin de s’assurer qu’aucune danse mixte n’aurait lieu en sa présence. Il réussit ainsi à améliorer l’atmosphère générale de la ville.

Je fus un jour invité comme conférencier d’une Yechiva. L’un des responsables me demanda de ne pas évoquer le sujet des mœurs, mais de parler plutôt du Chabbath, sachant que plusieurs garçons de la Yechiva ne respectaient pas scrupuleusement les lois du Chabbath. Mais en vérité, la racine du problème dans cette Yechiva était la sainteté, car lorsque ces garçons commencèrent à trébucher dans ces domaines, ils s’affaiblirent aussi dans le respect d’autres Mitsvoth.

Je me rendis un jour dans une Yechiva où on avait constaté un sérieux problème de mœurs. Je parlai en privé aux garçons et leur demandai à chacun d’eux de me promettre de respecter les interdits liés aux mœurs, ce qu’ils firent. Il y eut ensuite une session d’étude avec les garçons, et le rav qui enseignait au groupe pensa qu’il ne convenait pas de formuler des vœux, même pour une Mitsva, et il fit en sorte d’annuler leurs vœux afin de les délier de leurs promesses. Au bout d’un certain temps, l’un des garçons de cette Yechiva me rendit visite et m’informa avec regret que tous les garçons de ce groupe d’étude avaient trébuché dans ce domaine, au point qu’ils avaient totalement abandonné le judaïsme et mangeaient même le jour de Yom Kippour, que D’ préserve !

De nombreux parents n’initient pas leurs enfants dans ce domaine, car ils ignorent les pressions endurées par leurs enfants. Ils pensent à tort qu’ils sont innocents et préservés. J’évoquai un jour ce sujet devant un jeune homme, et son père me murmura qu’il n’y avait aucune raison d’en parler à son fils, sachant qu’il n’était en rien concerné par ce sujet. Mais le jeune homme se mit subitement à pleurer et admit qu’il avait sérieusement trébuché, et il m’implora de le guider pour surmonter ces tentations. J’ai souvent constaté ce phénomène où les parents sont inconscients de l’immense propagation de l’impureté présente à notre époque.

Il est en conséquence très important d’exercer la plus grande vigilance vis-à-vis de la conduite de nos enfants, et de les éduquer de manière à être capables, avec un entêtement bénéfique, de s’élever contre la propension à suivre leurs désirs, et contre ceux qui cherchent à les inciter à fauter.

Yossef Hatsadik avait 17 ans, un âge où le sang bouillonne de désir, lorsque la femme de Potiphar se présenta devant lui, parée de ses plus beaux atours, pour le séduire et le conduire à fauter, comme c’était une pratique courante en Egypte. Nos Sages nous enseignent que Yossef Hatsadik eut alors à l’esprit l’image de son père, et se souvint comment il l’avait encouragé dans le domaine de la sainteté, sachant que de telles tentations se présentent dans la vie. Yossef se renforça et, encouragé par l’enseignement de son père, fuit la faute, et devint ensuite digne d’occuper le poste de vice-roi d’Egypte. C’est un exemple éternel pour le peuple juif : on n’est jamais perdant en respectant les règles de la pudeur.

Ce récit de Yossef Hatsadik a été une source d’inspiration pour les Juifs d’Égypte, et pour nous tous, au fil des générations, à nous conduire dans la sainteté. Depuis que les mœurs se sont terriblement relâchées avec l’influence de l’Internet, j’évoque souvent dans mes discours aux Yechivoth le récit de Yossef Hatsadik, ayant constaté que ce récit avait une influence positive.

De là, nous pouvons comprendre pourquoi les Grecs contraignirent les Juifs à écrire les termes : « Nous n’avons pas de part dans le D’ d’Israël » sur les cornes des taureaux spécifiquement. Le taureau est le symbole de Yossef Hatsadik, comme il est dit : « Le taureau, son premier-né, qu’il est majestueux ! » (Devarim 33:17) ; Yossef Hatsadik était obstiné comme un taureau afin de ne renoncer en aucun cas à la sainteté, tout comme la nuque du bœuf est raide pour recevoir un joug pesant. Les Grecs voulaient que les Juifs insultent le symbole de Yossef Hatsadik et y inscrivent des termes hérétiques ; en effet, leur but était que les Juifs abandonnent la sainteté et s’imprègnent d’hérésie.

Mais les Juifs de cette époque ont eu la force de se protéger ainsi que leurs enfants de l’idéologie impure des Grecs. Ils furent dignes de constater qu’un petit nombre d’hommes purs triomphèrent d’un grand nombre d’impurs, et ils allumèrent les lampes de la Menora afin de démontrer que la lumière de la sainteté repousse l’obscurité de l’impureté.

Nous devons également, à notre époque, déployer toute notre énergie pour nous protéger et protéger nos familles en nous conduisant dans la sainteté des mœurs. Par ce mérite, nous aurons droit à tous les bienfaits possibles et à la Délivrance bientôt et de nos jours.

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