Le rabbi de Kalov, sur parachath Vayakel : s’inspirer des méthodes de guerre pour notre service divin

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Le rabbi de Kalov, sur parachath Vayakel : s’inspirer des méthodes de guerre pour notre service divin

«Puis, que les plus habiles d’entre vous se présentent pour exécuter tout ce qu’a ordonné l’Éternel » (Chemot 35,10).

On raconte que lorsque le rabbi et auteur du Toldoth Ya’akov Yossef, Président du tribunal rabbinique de Polanne, rencontra pour la première fois le Ba’al Chem Tov, il évoqua avec lui la question de la Hachga’ha Pratit, la Providence divine concernant les individus.

Au fil de la conversation, le Ba’al Chem Tov lui expliqua que tout ce que l’homme voit ou entend est orchestré par la Providence divine particulière de Hachem. De ce fait, l’homme est tenu d’analyser ce qu’il voit ou entend et d’en tirer les leçons appropriées. D’ l’a mis spécifiquement dans ces situations à cet effet, et c’est tout comme si une voix céleste envoyée par Hachem s’adressait à lui.

Alors qu’ils étaient en pleine conversation, un non-Juif, réparateur de profession, passa devant la maison. Il frappa à la porte et demanda au Ba’al Chem Tov s’il y avait quelque chose à réparer chez lui. Le Ba’al Chem Tov répondit par la négative. Mais le non-Juif insista : êtes-vous certains de n’avoir rien à réparer ? Le Ba’al Chem Tov s’adressa alors au rav de Polanne : « Ecoutez, ce non-Juif est un envoyé du Ciel, pour m’inciter à réfléchir sur ce que je dois rectifier dans le domaine spirituel, car la question du non-Juif appartient également à la sphère de la Providence divine ».

Le rav de Polanne n’était pas prêt à accepter cette théorie. Il était en effet loin de croire que les propos du non-Juif pouvaient être une allusion à la Hachga’ha Pratit et constituaient une instruction du Ciel envoyée à l’homme. Il répondit donc au Ba’al Chem Tov : « Je ne peux accepter vos propos.» Le Ba’al Chem Tov rétorqua : « Vous pouvez les accepter, mais vous ne voulez pas. » Ils se quittèrent sur ces paroles et le rav de Polanne reprit sa route.

En route vers son auberge, il croisa un non-Juif dont la calèche s’était renversée. Ce non-Juif cherchait des renforts pour l’aider à la relever. Lorsqu’il aperçut le rav de Polanne, il lui demanda son aide. Comme le rav était âgé et dépourvu de forces, il lui répondit : « Je ne peux pas. » Le non-Juif reprit alors : « Tu peux m’aider, mais tu ne veux pas. » En entendant ces propos, qui faisaient écho aux propos du Ba’al Chem Tov, il comprit aussitôt que le Ba’al Chem Tov avait raison : même les propos des non-Juifs sont émis sous l’influence de la Providence pour nous guider dans notre service divin. Il devint alors un fidèle disciple du Ba’al Chem Tov.

Dans le même ordre d’idées, le Gaon Rabbi Yaakov Galinsky zatsal relate une anecdote qui prouve combien l’homme doit tirer les leçons de toutes ses expériences : lorsqu’il étudiait à la Yechiva de Novardok à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le Roch Yechiva lui demanda un jour de se rendre chez le boulanger juif, situé près de la place de la ville, pour y acheter du pain pour les élèves de la Yechiva. Arrivé sur la place centrale, il s’aperçut que de nombreuses personnes s’étaient rassemblées. On lui expliqua qu’on allait entendre, au haut-parleur, le discours du président polonais, au sujet de l’âpre débat qui faisait rage au parlement polonais, pour déterminer s’il fallait se soumettre aux exigences d’Hitler en cédant à l’Allemagne la ville portuaire de Danzig ou entrer en guerre avec eux.

Au bout de quelques minutes, on entendit la voix du président polonais retentir : « Mes chers concitoyens, nous savons que le chancelier allemand nous demande de lui céder uniquement la ville de Danzig, entourée de territoires allemands sur trois côtés, pour éviter une guerre. Je souhaite vous annoncer ma décision : si j’étais persuadé que Danzig lui suffisait, je lui aurais cédé, mais il ne vise pas Danzig, mais aussi Varsovie, il réclame Danzig dans un premier temps, pour se l’approprier facilement et sans effort. Au final, nous serons contraints de nous battre, alors autant commencer dès maintenant, et éviter de lui offrir gracieusement Danzig. Nous aurons ainsi plus de chance de l’empêcher d’entrer aisément sur le territoire polonais. Je vous annonce donc mon refus catégorique de la proposition allemande. »

Cette annonce marqua le début de la guerre et la boulangerie ferma aussitôt ses portes, du fait que ses propriétaires se réfugièrent chez eux, terrifiés par la guerre. Rabbi Ya’akov fut contraint de retourner à la Yechiva bredouille. À son arrivée, on lui demanda où se trouvait le pain, et il répondit : « Je n’ai pas réussi à obtenir de pain, mais j’ai écouté une leçon de morale du président de la Pologne. »

Étonnés par sa réponse, le jeune homme leur fit part des événements et expliqua ce qu’il entendait par sa réponse : il est possible de tirer une leçon de l’allocution du président pour la guerre à livrer contre le Yétser Hara’, le mauvais penchant. Lorsque le mauvais penchant persuade l’homme de négliger seulement quelques Mitsvoth ou de renoncer aux mesures de protection, l’homme devra tenir le raisonnement suivant : s’il méprise ces règles, le Yétser Hara’ aura progressivement une emprise sur lui et il viendra ensuite remettre en question son respect du Chabbath et d’autres principes fondamentaux. En effet, un jour, il lui dit : fais ceci, et le lendemain, fais cela, mais son but est de tout déraciner. C’est pourquoi, dès la première attaque, il faut réagir même sur des enjeux qui paraissent minimes, afin d’éviter qu’il exerce son emprise sur nous.

Nous voyons de là qu’il faut mettre à profit, pour notre service divin, tout ce que l’on entend, même lorsqu’il s’agit de sujets profanes, comme le releva le Maguid de Mézéritch : il faut hisser au niveau de la Kedoucha (sainteté) même les théories concernant les guerres des nations du monde.

Le Ba’al Chem Tov commente la Michna (Avot 4,1) : « Qui est l’homme sage ? Celui qui apprend de tout homme » de la façon suivante : celle leçon s’applique à tout homme, car il est même possible d’être inspiré par les idées d’un non-Juif, qui les utilise dans le monde matériel, et le Juif les convertit dans la sphère spirituelle.

Nous pouvons dans cette perspective interpréter notre verset : « Puis, que les plus habiles d’entre vous… » : le savoir et les conseils avisés que l’on entend d’une personne intelligente et qui concernent la vie de ce monde, « …se présentent pour exécuter tout ce qu’a ordonné l’Éternel » : pourront être appliqués dans le domaine de la pratique des Mitsvoth.

Chabbath Chalom !

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