Le sens de ‘Hanouka – les témoignages

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Les témoignages

La chance veut que des témoignages proches de l’époque des ‘Hachmonaïm nous soient parvenus, qui nous apportent une information directe et claire sur l’histoire et le comportement du peuple juif dans le conflit avec les Grecs. Nous vous proposons ici certaines anecdotes qui vont nous éclairer sur la grandeur de nos ancêtres dans cette période bouleversée

Les miracles durant la révolte des ‘Hachmonaïm

A plusieurs reprises, durant les trois années que dura la guerre des Maccabées, les Juifs réussirent à défaire des armées de loin supérieures à la leur en hommes et en matériel. Rapportons ici plusieurs témoignages relatifs à ces édifiants miracles.

« Apollonius rassembla des païens et un fort contingent de Samarie pour faire la guerre à Israël. Apprenant cela, Yehouda sortit à sa rencontre, défit son armée et le tua. Beaucoup tombèrent, blessés à mort, et le reste s’enfuit. On ramassa les dépouilles ; Yehouda s’attribua l’épée d’Apollonius et s’en servit désormais dans tous ses combats. Apprenant que Yehouda avait rassemblé une armée de croyants et d’hommes de guerre, Séron, général de l’armée de Syrie, se dit : « Je me ferai un nom et me couvrirai de gloire dans le royaume en combattant Yehouda et ses hommes, qui méprisent les ordres du roi. » Il prit donc à son tour la tête d’une puissante armée d’impies, pour tirer vengeance des Juifs. Comme il approchait de la montée de Beth ‘Horon, Yehouda partit au combat avec une poignée d’hommes. A la vue de l’armée qui s’avançait contre eux, ses hommes lui dirent : « Comment pourrons-nous, en si petit nombre, lutter contre une si forte multitude ? Nous sommes exténués, n’ayant rien mangé aujourd’hui. » Yehouda répondit : « Qu’une multitude tombe aux mains d’un petit nombre est chose facile, et il est indifférent au Ciel d’opérer le salut au moyen de beaucoup ou de peu d’hommes […].» Lorsqu’il eut cessé de parler, il bondit sur eux à l’improviste. Séron et son armée furent écrasés.Les Juifs les poursuivirent de la descente de Beth ‘Horon jusqu’à la plaine. Près de huit cent Syriens succombèrent, et le reste prit la fuite. Yehouda et ses frères commencèrent à être redoutés par les nations voisines. Toutes les nations commentaient les batailles de Yehouda, au point que son nom parvint jusqu’au roi. En entendant ces récits, Antiochus entra dans une grande fureur et rassembla toutes les forces de son royaume, une armée très puissante […] (I,3,11-60). »

Antiochus n’avait pas assez d’argent pour financer la guerre. Il partit en Perse pour collecter des fonds, et délégua Lysias à la tête d’une armée missionnée pour écraser Israël et détruire ce qui restait de Jérusalem. Il voulait effacer de cette ville jusqu’au souvenir des Juifs, nommer des gouverneurs étrangers sur tout leur territoire, et morceler le pays en lots. On était alors en -147.

« Lysias s’entoura de Ptolémée fils de Dorymène, de Nicanor et de Gorgias, personnages puissants d’entre les amis du roi. Il envoya avec eux quarante-mille fantassins et sept mille cavaliers envahir le pays de Yehouda et le dévaster suivant l’ordre du roi. S’étant mis en marche avec toute leur armée, ils arrivèrent près d’Emmaüs dans l’arrière-pays et y dressèrent leur camp. Les trafiquants de la province l’apprirent par la rumeur populaire ; ils prirent avec eux de l’or et de l’argent en grande quantité, ainsi que des entraves, et s’en vinrent au camp pour acheter les Israélites comme esclaves. Un contingent d’Idumée et du pays des Philistins se joignit à eux.

Yehouda et ses frères virent que le malheur s’aggravait et que des troupes étrangères campaient sur leur territoire. Par ailleurs, ils eurent vent de la consigne donnée par le roi de livrer leur peuple à une destruction radicale. Ils se dirent alors les uns aux autres : « Relevons notre peuple de sa ruine et luttons pour lui et pour notre Temple. » On convoqua l’assemblée pour se préparer à la guerre, se livrer à la prière et implorer pitié et miséricorde. Or Jérusalem était dépeuplée comme un désert, de ses enfants nul n’y entrait, nul n’en sortait. Le sanctuaire avait été dévasté et les fils d’étrangers logeaient dans la Citadelle, devenue un caravansérail pour les nations. La joie avait disparu de Ya’akov et l’on n’entendait plus ni flûte ni lyre.

Ils se rassemblèrent donc et vinrent à Mitspé en face de Jérusalem, qui était jadis un lieu de prière pour Israël. Ce jour-là, ils jeûnèrent, revêtirent des sacs, répandirent de la cendre sur leur tête et déchirèrent leurs vêtements. Ils déployèrent le livre de la Loi pour y découvrir ce que les païens demandaient aux représentations de leurs faux dieux. Ils apportèrent les ornements sacerdotaux, les prémices et les dîmes, ils firent paraître les Naziréens qui avaient accompli la période de leur vœu. Ils dirent en élevant la voix vers le Ciel : « Que faire de ces gens-là et où les emmener ? Ton lieu saint, on l’a foulé aux pieds et profané, Tes prêtres sont plongés dans le deuil et l’humiliation, et voici que les nations se sont liguées contre nous afin de nous faire disparaître. Tu connais leurs desseins à notre égard. Comment pourrons-nous leur résister si Tu ne viens pas à notre secours ? »

Ils firent ensuite sonner les trompettes et poussèrent des cris déchirants.

Après cela, Yehouda institua des chefs du peuple, chefs de milliers, de centaines, de cinquantaines et de dizaines. Il permit de rester chez eux, comme le permet la Loi, à ceux qui étaient en train de bâtir une maison, ou qui avaient peur, comme à ceux qui venaient de se fiancer ou de planter une vigne.

La colonne se mit alors en marche et vint camper au sud d’Emmaüs. « Equipez-vous, dit Yehouda, soyez des braves, tenez-vous prêts à combattre demain ces nations qui se sont massées contre nous pour notre ruine et celle de notre Sanctuaire, car il vaut mieux pour nous mourir dans la bataille qu’être spectateurs des malheurs de notre nation et de notre lieu saint. Ce que le Ciel aura voulu, Il l’accomplira » (id.).

Il est important de remarquer à quel point ces hommes suivaient scrupuleusement les ordonnances de la Tora, et étaient stricts dans son respect.

Poursuivons la lecture du récit.

« Gorgias prit avec lui cinq mille fantassins et mille cavaliers d’élite, détachement qui partit de nuit, afin d’attaquer le camp des Juifs par surprise. Les gens de la Citadelle lui servaient de guides. Yehouda eut vent de la manœuvre et se mit lui-même en marche avec ses braves pour combattre le reste de l’armée royale qui campait à Emmaüs, alors que la majorité des effectifs syriens était dispersée en dehors du camp.

Gorgias, de son côté, étant arrivé de nuit au camp de Yehouda, n’y trouva personne et se mit à chercher les Juifs dans les montagnes. Il pensa que les Juifs avaient fui devant son avancée.

Au petit jour, Yehouda parut dans la plaine avec 3.000 hommes. Mais ceux-ci n’avaient ni les armures ni les épées requises. Ils aperçurent le camp des païens, puissant et fortifié, la cavalerie qui l’environnait, bref, des gens qui avaient l’expérience de la guerre.
Yehouda dit à ses hommes : « Ne craignez pas cette multitude et ne redoutez pas leur attaque. Rappelez-vous que nos pères furent sauvés à la mer Rouge quand Pharaon les poursuivait avec une armée, et maintenant crions vers le Ciel : s’Il veut de nous, Il se souviendra de son alliance avec nos pères et Il écrasera aujourd’hui cette armée que voici devant nous. Alors toutes les nations reconnaîtront qu’il y a quelqu’Un Qui rachète et sauve Israël » (I, 47-11).

Les étrangers levèrent leurs regards et, voyant les Juifs marcher contre eux, sortirent du camp pour livrer bataille. Les soldats de Yehouda sonnèrent de la trompette et engagèrent le combat. Les nations furent écrasées, elles s’enfuirent vers la plaine ; tous les soldats qui se trouvaient à l’arrière tombèrent sous l’épée. La poursuite atteignit Guezéra et les plaines de l’Idumée, d’Azata et de Iamnia : trois mille hommes environ y succombèrent. Après leur victoire, ils chantèrent « Que D’ soit loué, car Sa bonté est éternelle », [NDLR : verset des Psaumes faisant partie du Hallel – que l’on doit réciter après avoir bénéficié d’un miracle]. »

De retour de ce nouvel exploit, Yehouda dit au peuple : « Ne soyez pas avides de butin, car un autre combat nous menace : Gorgias et son détachement sont dans la montagne tout près de nous. Tenez tête maintenant à nos ennemis et combattez-les. »
Yehouda achevait à peine sa phrase qu’une section ennemie apparut au faîte de la montagne. Elle constata que les leurs avaient dû fuir et que le camp avait été la proie des flammes : la fumée que l’on apercevait le prouvait encore. Ce spectacle les saisit de panique. Apercevant en outre dans la plaine l’armée de Yehouda prête au combat, ils s’enfuirent tous vers le pays des Philistins.

Yehouda récupéra alors le butin. On trouva beaucoup d’or et d’argent monnayés, des étoffes teintes de pourpre violette et de pourpre marine et d’autres grandes richesses.

Les Juifs, à leur retour, louaient et bénissaient le Ciel en disant : « Il est bon et Son amour est éternel ! »

« Une insigne délivrance s’est opérée ce jour-là en Israël (I, 4, 1-26). »

Lysias, tout d’abord découragé, revint tout de même à la charge quelques temps plus tard. Le résultat ne fut pas meilleur.

« L’année suivante, Lysias rassembla soixante-mille hommes d’élite et cinq mille cavaliers afin de venir à bout des Juifs. Ils vinrent en Idumée et campèrent à Beth Tsour. Yehouda vint à leur rencontre avec dix mille hommes. Quand il vit la puissante armée de Lysias, il pria en ces termes : « Tu es béni, sauveur d’Israël, Toi Qui as brisé l’attaque du puissant guerrier par la main de Ton serviteur David et Qui as livré le camp des Philistins aux mains de Jonathan, fils de Saül, et de son écuyer. Enferme de la même façon cette armée entre les mains d’Israël, Ton peuple ; qu’ils ne retirent que honte de leurs troupes et de leur cavalerie. Sème la panique dans leurs rangs, fais fondre l’assurance qu’ils mettent dans leur force et qu’ils soient ébranlés par leur défaite. Renverse-les sous l’épée de ceux qui T’aiment, et que Te louent dans les hymnes tous ceux qui connaissent Ton Nom ! »

Le combat commença et près de 5.000 hommes de l’armée de Lysias périrent, après une lutte au corps à corps.

Voyant la déroute de son armée et l’intrépidité des soldats de Yehouda qui étaient prêts à vivre ou à mourir courageusement, Lysias reprit le chemin d’Antioche où il recruta des étrangers pour revenir en Judée avec encore plus d’hommes qu’auparavant.

Yehouda et ses frères dirent alors : « Voici nos ennemis écrasés, allons purifier le sanctuaire et faire la dédicace » (id. jusqu’à 36).

Après ces combats, et malgré les menaces, le peuple juif se dirigea vers Jérusalem pour rétablir le culte.

Toute l’armée se rassembla et les hommes montèrent au mont Sion.

Ils virent là le Temple désolé, l’autel profané, les portes brûlées et les salles dévastées. Des arbrisseaux avaient poussé entre les pierres des parvis. Ils déchirèrent alors leurs vêtements, prirent un grand deuil et répandirent de la cendre sur leur tête. Ils tombèrent ensuite face contre terre et, au signal donné par les trompettes, ils gémirent.

Yehouda donna l’ordre à ses hommes de combattre les étrangers qui étaient dans la Citadelle, jusqu’à ce qu’il eût nettoyé le sanctuaire. Puis il choisit des prêtres restés fidèles à la Loi, et scrupuleux, pour purifier le sanctuaire et reléguer en un lieu impur les pierres de la souillure. On délibéra sur ce qu’on devait faire de l’autel des holocaustes, que les païens avaient profané, et on décida de le démonter entièrement de peur qu’il ne devînt un sujet d’opprobre. Ils le démolirent et en déposèrent les pierres dans un endroit convenable sur le Har haBayith, en attendant la venue d’un prophète qui se prononcerait sur leur statut.

Ils prirent des pierres brutes comme le prescrit la Loi pour bâtir un autel nouveau sur le modèle du précédent. Ils réparèrent le sanctuaire et le Saint des Saints et sanctifièrent les parvis.

Ayant fabriqué des ustensiles sacrés flambants neufs, ils purent réinstaller dans le Temple le candélabre, l’autel des parfums et la table. Ils consumèrent l’encens sur l’autel et allumèrent les lampes du candélabre. Ils déposèrent les pains sur la table et suspendirent les rideaux, terminant ainsi la rénovation du Temple.

Le 25 Kisslew de l’an 148, ils se levèrent au point du jour et offrirent un sacrifice sur l’autel des holocaustes qu’ils venaient de construire.

L’autel fut inauguré au son des hymnes, des cithares, des lyres et des cymbales, à la même date que celle où les païens l’avaient profané.

Le peuple entier se prosterna pour adorer, puis il fit monter sa louange vers le Ciel Qui l’avait conduit au succès. Huit jours durant, ils célébrèrent la dédicace de l’autel, offrant dans l’allégresse des holocaustes et le sacrifice d’action de grâces. Ils ornèrent la façade du Temple de couronnes d’or et d’écussons, remirent à neuf les entrées ainsi que les salles qu’ils pourvurent de portes.

L’opprobre infligé par les païens fut ainsi effacée et une grande joie régna dans le peuple.

Yehouda décida avec ses frères et toute l’assemblée d’Israël que les jours de la dédicace de l’autel seraient célébrés en leur temps, chaque année pendant huit jours, à partir du 25 du mois de Kisslew, avec joie et allégresse (id. de 37 à 83).

Il est à remarquer que le Livre des Maccabées n’évoque pas du tout le miracle de l’huile ! Ceci pourrait abonder la version voulant que le Livre des Maccabées ne soit pas forcément un texte juif, ou en tout cas qu’il n’était pas uniquement destiné à des lecteurs juifs. En l’effet, pour les Nations, le miracle de la fiole d’huile n’est pas aussi notoire que celui des victoires répétées des ‘Hachmonaïm dans les combats très inégaux qui les opposèrent aux armées gréco-syriennes.

La force du peuple juif en ces périodes de persécutions

Durant ces moments difficiles, le peuple juif a fait montre de toute sa force et d’une grande unité, malgré la faiblesse qui caractérisait généralement cette génération.

Nous en rapportons ici deux exemples, tirés du Livre des Maccabées.

« On annonça aux officiers royaux et aux forces postées à Jérusalem, dans la Cité de David, que des gens avaient rejeté l’ordonnance du roi [de placer son effigie dans les Temples NDLR ] et étaient partis se cacher dans les grottes du désert. Une troupe nombreuse se mit à leur poursuite et les réussit à les rattraper. Ayant dressé son camp face à leur cachette, elle décida de les attaquer le jour du Chabbath et leur dit : «En voilà assez ! Sortez, obéissez à l’ordre du roi et vous aurez la vie sauve !» «Nous ne sortirons pas, dirent les autres, et nous ne violerons pas le jour du Chabbath sous prétexte de l’ordre donné par le roi.» Assaillis comme cela était prévu, ils s’abstinrent de riposter, de lancer des pierres, ou même de barricader leurs cachettes. «Mourons tous dans l’honneur, déclaraient-ils ; le ciel et la terre sont pour nous témoins que vous nous faites périr injustement.» La troupe leur donna l’assaut en plein Chabbath et tous succombèrent, eux, leurs femmes et leurs enfants, au nombre d’un millier de personnes (I, 2, 31-38), ainsi que leur bétail. »

Un autre exemple de conduite d’une remarquable noblesse durant ces persécutions, un véritable Kidouch Hachem, est rapportée ici :

« Elé’azar, un des principaux docteurs de la Loi, homme déjà avancé en âge et d’une noble prestance, se vit ordonner de manger de la chair de porc. On lui ouvrit la bouche de force. Préférant une mort glorieuse à une fin d’existence infâme, il préféra se diriger directement au supplice de la roue, non sans avoir craché sa bouchée, comme le font, par amour de la vie, ceux qui ont le courage de rejeter ce à quoi il n’est pas permis de goûter. Les tortionnaires qui présidaient à ce repas interdit, connaissant ce vénérable sage depuis de longues années, voulurent l’épargner. Ils lui proposèrent de lui faire apporter des viandes Kacher, et qu’il aurait lui-même préparées ; ainsi, il n’avait qu’à feindre de manger du porc, comme le roi l’avait ordonné, ce qui allait de facto le sauver de la mort. Mais Elé’azar maintint sa noble résolution, digne de son âge, de l’autorité de sa vieillesse et de ses vénérables cheveux blancs. Il choisit de poursuivre ainsi la conduite parfaite qui avait été la sienne depuis l’enfance, et qui respectait scrupuleusement la Loi établie par D’. Il répondit donc en conséquence, préférant être envoyé sans tarder au ‘Olam haBa plutôt que de transgresser la Tora. « A notre âge, dit-il, il ne convient pas de feindre, de peur que nombre de jeunes, persuadés qu’Elé’azar aurait embrassé à 90 ans les mœurs des étrangers, ne s’égarent eux aussi, à cause de moi et de ma dissimulation. Et cela pour un tout petit reste de vie ! J’attirerais ainsi sur ma vieillesse souillure et déshonneur, et quand bien même j’échapperais pour le présent au châtiment des hommes, je n’éviterai pas, vivant ou mort, le courroux du Tout-Puissant. C’est pourquoi, si je quitte maintenant la vie avec courage, je me montrerai digne de ma vieillesse, et laisserai aux jeunes le noble exemple d’une belle mort, volontaire et généreuse, au nom des vénérables et saintes lois.» Ayant ainsi parlé, il se dirigea vers le supplice de la roue, où ses « amis » de longue date oublièrent la bienveillance qu’ils avaient eue pour lui un peu auparavant, à cause du discours qu’il venait de tenir et qui leur paraissait être de la folie. Lui, de son côté, étant sur le point de mourir sous les coups, dit en soupirant : « Au Seigneur qui a la Sagesse sainte, il est manifeste que, pouvant échapper à la mort, j’endure en mon corps les douleurs cruelles du fouet, mais qu’en mon âme je les souffre avec joie à cause de la crainte qu’Il m’inspire. » Il quitta donc la vie terrestre de cette manière, offrant par sa mort un exemple de courage et un mémorial de vertu, non seulement à la jeunesse, mais aussi à toute la nation (II, 6,18-31). »

En vérité, au-delà du récit du Livre des Maccabées, telle est la Halakha : dans le cas où un non-Juif force un Juif à transgresser l’une des lois de la Tora dans le but de lui faire abandonner la pratique, et que cela se passe en public [devant plus de dix Juifs NDLR], le Juif doit se laisser tuer plutôt que d’obtempérer, même s’il ne lui est imposé que de changer un détail insignifiant de l’habillement traditionnel aux Juifs.

Le Ramban déclare à l’égard des ‘Hachmonaïm (Beréchith, Wayé’hi) : « C’était des gens d’un niveau supérieur. Sans eux, la Tora et les mitsvoth auraient été oubliées du peuple juif ».

La confiance en D’ des ‘Hachmonaïm

Les ‘Hachmonaïm ont fait preuve d’un exceptionnel Bita’hon [confiance en D. NDLR].

Nous avons déjà rapporté plus haut plusieurs exemples. Ajoutons ici le suivant, concernant la conduite de Yehouda lors de sa lutte contre Nicanor, stimulant ses troupes pour renforcer leur courage :

« Yehouda Maccabée, ayant réuni six mille de ses hommes, les exhorta à ne pas faiblir devant les ennemis et à ne pas craindre la multitude des païens qui les attaquaient injustement. Il les enjoignit au contraire de combattre vaillamment, et de se motiver en gardant en tête l’outrage commis contre le Temple et le traitement indigne que ces païens avaient infligé à la Ville Sainte, dont ils avaient ainsi anéanti les usages traditionnels. « Eux, ajouta-t-il, se fient aux armes et aux actes audacieux, tandis que nous autres plaçons notre confiance en D. Tout-Puissant, Seul capable de renverser en un clin d’œil ceux qui s’avancent contre nous, et avec eux le monde entier. » Il leur rappela les cas de protection dont avaient bénéficié leurs aïeux en leur temps : le miracle qui advint sous Ezéchias, où D’ terrassa plus de cent-quatre-vingt mille hommes de San’hériv qui menaçaient une poignée de Juifs ; celui qui fut réalisé lors d’une bataille livrée aux Galates, en Babylonie, où cent-vingt mille ennemis furent défaits par huit mille hommes, grâce au secours qui leur était venu du Ciel, et emportèrent en outre un grand butin.

Après les avoir renforcés par ces paroles, et les avoir préparés à mourir pour leurs lois et leur peuple, il divisa son armée en quatre corps […]. Le Tout-Puissant S’étant fait leur allié, ils terrassèrent plus de neuf mille ennemis, blessèrent et mutilèrent la plus grande partie des soldats de Nicanor et les mirent tous en fuite. L’argent de ceux qui étaient venus les spolier tomba entre leurs mains. La bataille ayant été longue, ils revinrent sur leurs pas, pressés par l’heure, car c’était la veille du Chabbath. C’est pourquoi ils ne s’attardèrent pas à leur poursuite. Quand ils eurent ramassé les armes des ennemis et enlevé leurs dépouilles, ils accueillirent et célébrèrent le Chabbath, multipliant les bénédictions et louant le Seigneur Qui les avait sauvés et avait fixé à ce jour la première manifestation de Sa miséricorde. Après le Chabbath, ils distribuèrent une part du butin aux veuves et aux orphelins de leurs ennemis, « lésés » par leur victoire ; eux-mêmes et leurs enfants se partagèrent le reste.

Ils organisèrent enfin une prière publique, implorant le Seigneur miséricordieux pour qu’Il Se réconcilie entièrement avec Ses serviteurs (II, 8, 17-29). »

Dans la Tefila de ‘Al haNissim, il est fait état du fait que D’ livre les gens forts entre les mains de faibles, les mécréants entre les mains de personnes croyantes. Le ‘Hatam Sofer de s’étonner : quel est le sens de cette louange, est-ce à dire que les personnes croyantes sont forcément faibles ? La réponse est la suivante : la volonté des ennemis d’Israël de l’anéantir est parfois tellement forte qu’il faut des Tsadikim de haut niveau pour contrebalancer leur haine et sauver le peuple juif. C’est pourquoi, afin de sauver le peuple juif1, D. a gratifié cette génération de Justes de cet acabit. Mais il est vrai que face à l’immense haine des mécréants, les Justes paraissent faibles.

La volonté divine en regard des décrets des Grecs contre les Juifs

L’auteur du Livre des Maccabées (pour sa 2e partie – chap. 6, 14-16), ayant rapporté les souffrances et les épreuves endurées par les Juifs, conclut :

« Je recommande à ceux qui auront ce livre entre les mains de ne pas se laisser déconcerter par les calamités qu’il décrit, et d’avoir conscience que ces persécutions se sont réalisées non pour la ruine de notre peuple mais pour son bien. Quand les pécheurs ne sont pas laissés abandonnés à leurs turpitudes, mais au contraire que les châtiments ne tardent pas à les frapper, c’est une marque de grande bonté. Si le Maître du monde laisse les Nations arriver au comble de leurs iniquités et patiente avec [une apparente NDLR] longanimité pour les châtier, ce n’est pas ainsi qu’Il juge bon d’agir avec nous. Il ne veut pas nous punir plus tard, lorsque nos péchés auraient atteint leur pleine mesure. Aussi bien ne retire-t-Il jamais de nous Sa miséricorde : en le châtiant par l’adversité, Il n’abandonne pas son peuple. »

L’abandon de la Tora, et la course effrénée vers l’hellénisme, auront donc été les vraies raisons des persécutions endurées par les Juifs de l’époque asmonéenne. Dans le même temps, toutes ces épreuves auront permis au peuple juif d’apprendre à quel point la confiance en D. leur permet d’avoir le dessus sur leurs ennemis, et lui aura fait mériter de grands miracles. Toutefois, par-dessus tout, c’est le miracle de l’huile qui a été le plus significatif de toute cette période, son utilisation sur la Menora venant rappeler la place primordiale de la Sagesse et de l’étude pour le peuple juif.

Source

Yemé ‘Hanouka, du rav Yoël Schwartz, 5749/1989, Jérusalem, qui a collecté de nombreuses citations tirées des divers ouvrages consacrés à cette période. Nous avons suivi et corrigé la traduction proposée par les éditions du Cerf.

(1) R. Yoël Schwartz, op. cité.

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