Les services secrets français priés de modérer leurs critiques sur l’Iran

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Abbas Araghchi, political deputy at the Ministry of Foreign Affairs of Iran, speaks to the media after the meeting of the Joint Commission of the Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) attended by the E3+2 (China, France, Germany, Russia, United Kingdom) and Iran on July 28, 2019 at the Palais Coburg in Vienna, Austria. (Photo by ALEX HALADA / AFP)

En juin, lors d’un conseil de défense, il a été demandé aux services secrets français, pour faciliter le dialogue avec Téhéran, de mettre en sourdine leurs inquiétudes sur ce qu’ils qualifient de « terrorisme d’Etat ».

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Abbas Araghchi, vice-ministre iranien des affaires étrangères, s’exprimant devant la presse après une réunion, à Vienne (Autriche), des pays parties de l’accord sur le nucléaire iranien.  Le 28 juillet 2019.
Abbas Araghchi, vice-ministre iranien des affaires étrangères, s’exprimant devant la presse après une réunion, à Vienne (Autriche), des pays parties de l’accord sur le nucléaire iranien.  Le 28 juillet 2019. ALEX HALADA / AFP

Si les services de renseignement occupent aujourd’hui une place centrale dans les affaires du monde, ils doivent, parfois, taire leurs exigences face au pouvoir politique. Ce fut ainsi le cas, en juin, lors d’un conseil de défense qui réunit, chaque semaine, les principaux acteurs de la sécurité du pays autour du chef de l’Etat, Emmanuel Macron.

Alors que la discussion abordait la question iranienne et le rôle que pouvait jouer la France pour sauver ­l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, il fut demandé aux services secrets français, pour faciliter le dialogue avec Téhéran, de mettre en sourdine leurs inquiétudes sur ce qu’ils qualifient de « terrorisme d’Etat » de Téhéran.

Projet d’attentat avorté à Villepinte

Les services français ont toujours à l’esprit, en effet, le projet d’attentat avorté ayant ciblé, le 30 juin 2018, un rassemblement, à Villepinte, au nord de Paris, des Moudjahidine du peuple, mouvement d’opposition au régime iranien. La tentative avait échoué après l’arrestation en Belgique, le jour même, d’un couple d’origine iranienne. Les enquêteurs avaient trouvé dans leur véhicule 500 grammes d’explosifs de type TATP et un détonateur. A en croire les services de renseignement, ils recevaient leurs ordres d’un diplomate iranien, Assadollah ­Assadi, en poste en Autriche depuis 2014.

Une grande part des informations avaient été fournies aux Français et aux Belges par le Mossad, l’un des services secrets israéliens. « Cette affaire est gravissime, elle aurait pu faire un carnage, assure un membre de la communauté du renseignement français, c’est notre Skripal à nous [Sergueï Skripal, un ex-agent russe passé à l’ennemi britannique, fut victime, en mars 2018, d’une tentative d’empoisonnement, dans le sud de l’Angleterre, perpétrée par le renseignement militaire russe], mais il faut faire profil bas. »

Un espion iranien, agissant sous couverture diplomatique à Paris, a été expulsé en septembre 2018.

La certitude de l’implication du régime iranien fut si forte que, le 2 octobre 2018, Paris accusa publiquement l’Iran d’avoir commandité le projet, ce que Téhéran a vivement démenti. Le gouvernement français annonça qu’il allait geler les avoirs en France du vice-ministre du renseignement iranien chargé des opérations, de M. Asadi et de la direction de la sécurité intérieure du ministère du renseignement de Téhéran. Un espion iranien, agissant sous couverture diplomatique à Paris, fut expulsé en septembre 2018. Mais, selon les services, la riposte française est loin d’avoir été à la hauteur, d’autant que les personnes visées n’avaient pas d’actifs en France.

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