Un accord qui ne fait pas que des heureux

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La chronique de Michèle MAZEL

Pour le Hamas, il s’agit d’un coup de poignard dans le dos, pour les colons aussi. Étrange convergence d’intérêts : les opposants les plus virulents à l’accord historique entre Israël et les Emirats Arabes Unis se trouvent à la fois dans le camp de l’Autorité palestinienne et dans celui des colons purs et durs. Les premiers clament leur indignation devant ce qu’ils perçoivent comme la normalisation des relations entre leur voisin haï et un pays arabe, quoique normalisation n’est guère le mot propre, car pour normaliser des relations, encore faut-il qu’elles aient préexisté ce qui n’est pas le cas. D’ailleurs il ne s’agit pas non plus d’un accord de paix car les pays n’étaient pas en guerre.

Les colons, eux, s’élèvent contre la trahison de Netanyahou qui vient de renier un engagement solennel à la base des trois dernières consultations électorales en renonçant à une annexion qu’ils appelaient de leurs vœux et en laissant passer une occasion historique. Le premier ministre israélien a beau soutenir que le projet n’est pas abandonné mais remis à une date ultérieure, personne n’y croit vraiment.

Pourtant les uns et les autres ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Voilà des dizaines d’années que les Palestiniens rejettent les uns après les autres tous les plans de paix proposés par Israël – ainsi que celui du président Trump – sans jamais rien proposer de concret. En même temps l’Autorité palestinienne instille à la jeunesse la haine non seulement des Israéliens mais encore des Juifs à travers des livres scolaires financés par l’Union européenne, verse de généreux salaires aux terroristes emprisonnés pour avoir assassiné des civils innocents et glorifie ceux qui sont morts «en martyrs».

Dur réveil pour les dirigeants de Ramallah qui viennent enfin de comprendre qu’un tabou vient de tomber dans le monde arabe : c’en est fini du consensus selon lequel ce serait trahir la cause arabe qu’établir des relations avec l’Etat juif tant que le problème palestinien n’est pas résolu. Un consensus déjà battu en brèche très officiellement par l’Egypte et par la Jordanie et plus discrètement par les contacts plus ou moins secrets entre Jérusalem et telle et telle capitale arabe.

Et les colons ? Ils s’étaient réjouis en janvier de cette année de la publication du plan Trump, qui prévoyait en effet l’annexion d’une grande partie des implantations en Cisjordanie, sans en voir la contrepartie : l’ébauche de ce qui ressemblait fort à un État palestinien, dont ils ne veulent à aucun prix. Sans voir non plus que toutes les implantations n’étaient pas comprises dans le plan. Pour eux aussi le réveil est dur.

Quant à l’Europe et plus précisément l’Union Européenne, qui avait multiplié avertissements et menacé de ses foudres Israël au cas où ce pays annexerait en fait certaines implantations, loin de se réjouir de la remise sine die de ce plan, elle fait grise mine. Pour le Monde du 14 août, «cette décision rend toute résolution du conflit israélo-palestinien encore un peu plus improbable…  les EAU privent l’Organisation de libération de la Palestine d’une précieuse monnaie d’échange».

Une monnaie dont justement ils n’ont pas su se servir.

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