22 contre 22 !

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Autour de la table du Chabbath n° 259  VAYIGACH

Ces paroles de Tora seront lues et appliquées pour l’élévation de l’âme de mon père : Yacov Leib  Ben Abraham Nathan-Nouté (Jacques Gold) Haréni Kapparat Michkavo.

Notre paracha marque la conclusion du grand épisode de la vente de Yossef et de son éloignement de la maison de Ya’akov. On le sait, lors des parachioth précédentes, la Tora a raconté avec beaucoup de détails ses tribulations depuis sa vente à une caravane d’Ismaélites (j’espère que la censure qui prévaut en douce France ne me fera pas trop de problèmes…) jusqu’à son incarcération dans les geôles égyptiennes. Puis, après 12 années où il purgera sa peine, il sera élevé d’un coup au rang de vice-roi de l’Empire le plus puissant sur terre. Ce n’est finalement que 9 années plus tard que Yossef amènera ses frères à descendre en exil et en final il sera le vecteur de toute la bénédiction pour sa famille. Rapidement Ya’akov –son père- descendra lui aussi en Egypte pour retrouver son fils aimé et vivra jusqu’à la fin de ses jours à ses côtés.

Les Sages dans la Guemara de Meguila font un calcul intéressant. Ils mettent en parallèle deux faits. Il s’agit des 22 années que Yossef a vécu éloigné de son père (sa sainte mère Ra’hel était depuis longtemps morte lorsqu’elle mit au monde Baniamin) et les 22 années que Ya’akov a passé loin de son père alors qu’il était chez son beau-père Lavan. Et la Guemara d’enseigner que les 22 années que Ya’akov a pris le deuil de son fils le croyant tué par une bête féroce est une punition pour les 22 années pendant lesquelles Ya’akov n’a pas fait les honneurs dûs à ses parents du fait de son éloignement chez Lavan. C’est-à-dire que la Guemara nous apprend un grand principe : les souffrances de la vie ne sont pas innocentes. Si Ya’akov a tant souffert de la séparation de son fils aimé c’était parce que longtemps avant, il n’avait pas respecté les honneurs dus à ses parents. Le sujet est profond car finalement c’est Rivka et Yits’hak eux-mêmes qui ont poussé Ya’akov à fuir le glaive d’Essav en se réfugiant chez Lavan et aussi à prendre épouse dans la maison de Lavan.  Donc en quoi Ya’akov a fauté vis-à-vis d’eux ? Plusieurs réponses sont apportées. Le ‘Hida dans Brith Olam sur le Sefer ha’Hassidim 573 rapporte un grand ‘Hidouch : même si les parents pardonnent à leur progéniture un manque de Kavod, il reste que dans le Ciel il y a faute !

Une autre réponse est donnée par le Maharcha (Meguila 17) c’est que Rivka avait envoyé un émissaire à Ya’akov pour l’informer qu’Essav n’avait plus l’intention de le tuer, donc Ya’akov pouvait revenir à la maison. Or il est resté 22 longues années éloigné de ses parents, mesure pour mesure il sera puni plus tard par les 22 années de séparations avec son fils ! Seulement la Guemara dans Meguilla apprend un autre ‘Hidouch. Avant, elle fait un savant calcul des années de pérégrination de Ya’akov et conclut qu’il manquait 14 années dans l’ordre chronologique qui sont passées à l’as ! C’est à dire que d’après tous les décomptes, il existe 14 années qui ne sont pas répertoriées ni chez Lavan ni chez ses parents ! Où notre saint patriarche a passé ces 14 années de sa vie ? soit dit en passant, il est très instructif de voir que dans notre tradition toutes les dates sont bien répertoriées, nos Sages ne cachent rien. Les Sages de mémoires bénies expliquent que Ya’akov a passé 14 ans dans la Yechiva de Chem et Ever, les petits enfants de Noa’h. Et pour nous donner une idée de la sainteté de notre Patriarche, il faut savoir que pendant 14 ans, il n’a pas dormi dans un lit, il s’assoupissait sur la table de l’étude ! Donc au total notre saint patriarche a passé 22 années plus 14 ans loin de la maison de ses parents. On demandera à nos perspicaces lecteurs : pourquoi Ya’akov n’a pas était puni pour ces 14 années supplémentaires de séparation, car finalement Ya’akov s’est éclipsé de la maison paternelle 36 années ? La question est intéressante, n’est-ce pas ?

La réponse donné par la Guemara l’est aussi. C’est que les années passées à l’étude de la Tora ne sont PAS comptabilisées dans les années punissables ! Plus encore, le Talmud enseigne que l’étude de la Tora est plus grand que l’honneur dû aux parents. Car ces 14 années ne sont pas comptabilisées comme un manque d’honneur à ses parent. Seulement on devra comprendre ce mystère : en quoi le fait que le fils accomplisse cette Mitsva de l’étude de la Tora au détriment des parents n’est pas blâmable ? Je vous propose plusieurs réponses. La plus simple c’est qu’il est écrit dans la Tora : « Un homme doit craindre ses parents et garder le Chabbath… Je suis ton D' ». C’est-à-dire que la Tora juxtapose les deux prérogatives : le respect du Chabath avec les honneurs de ses géniteurs. Pour nous apprendre un grand principe : un père, ou une mère, ne peuvent pas demander à son fils de transgresser le Chabbath pour leur propre honneur. Du genre : « Mickael s’il te plait prépare moi un café sur le réchaud le jour du Chabbath ». Mikael ne devra pas écouter son père et devra simplement dire : tu sais papa aujourd’hui c’est Chabbath on ne peut pas allumer la plaque électrique. La raison de cela, c’est que la racine des honneurs dus aux parents provient de la Tora. Or c’est elle, la Tora, qui demande au fils –comme au père- de respecter le Chabbath. Donc le père ne pourra pas demander à son fils d’enfreindre la loi qu’il doit lui-même respecter. Pareillement pour l’étude de la Tora. Puisque l’étude est une Mitsva de la Tora à laquelle le père est aussi astreint, le père ne pourra pas reprocher à son fils qu’il quitte la maison pour aller à la Yechiva.

Autre explication, c’est que les véritables honneurs qu’un enfant peut offrir à ses parents c’est l’étude de la Tora. La raison est que le principal mérite d’un homme  sur terre ce sont ses bonnes actions. Or, l’étude de la Tora est le summum de tous les commandements. Donc lorsque Mikael part à la Yechiva malgré l’ordre parental –par exemple- de reprendre l’affaire familiale ou la boutique à Paris en cela le fils choisira la meilleure affaire/business pour son père. Car chaque mot de Tora que l’enfant apprend et il y en a beaucoup… c’est autant de mérites incalculables qui sont inscrits dans les cieux aux bénéfices des parents, le père et la mère. Donc le meilleur des business pour un père c’est d’encourager son fils à rester à la Yechiva même si on craint le Corona ou qu’il n’y a pas beaucoup de billets d’avions pour se rendre en Terre Sainte et s’il a beaucoup de chance, Mikael restera même –après son mariage- au Collel…

Une autre réponse : c’est que l’étude de notre saint patriarche c’était pour construire sa propre personnalité. Or la Tora enseigne : »Ta vie passe avant elle des autres … » Attention, il ne s’agit PAS d’égoïsme sordide, mais il existe des passages dans la vie où l’enfant doit d’abord se construire, ou autre exemple, se construire avec sa femme ce qui pourra passer avant les honneurs dû à ses parents dans le cas où les parents entravent d’une manière ou d’une autre la progression de leur fils prodige ou du couple… A cogiter. Cependant,  dans les cas pratiques il est toujours très recommandé de prendre conseil auprès d’un érudit en Tora avant de faire telle ou telle démarche.

Et vous-même ?!

Cette semaine on vous rapportera une histoire véridique dans les années 70 qui commence en Erets et finit en Amérique. Il s’agit d’Avraham, un Juif ‘hassid habitant la terre sainte d’il y a une cinquantaine d’années. A l’époque la vie était très dure, Avraham  tentera sa chance dans le pays de toutes les possibilités: les USA. Notre homme arriva dans le pays à la bannière étoilée pour tenter sa chance dans le business. Semble-t-il que cela n’a pas réussi et notre Avraham se retrouva dans un coin perdu de l’Est américain en tant que porteur de valises dans un aéroport. Seulement l’endroit était un vrai désert spirituel ! Ni synagogue, Beth hamidrach et sans communauté juive ! Notre Avraham glissa petit à petit dans sa pratique des Mitsvoth. D’abord il se fera appeler « Eïvou » (Et vous… à la française) à la place d’Avraham qui a une connotation trop juive. Puis enlèvera ses signes extérieurs de judaïsme: sa longue redingote noire, ses paillotes, sa barbe et en dernier lieu sa Kippa ! Abraham est devenu Eïvou le porteur attitré de l’aéroport désaffecté du grand Est américain! D’un fier soldat des légions du Créateur, Eivou est devenu un citoyen américain très moyen qui a adopté le Way of Live made in US. Tout allait bien madame la Marquise lorsque la Providence divine se rappela d’un certain Avraham… A quelques centaines de kilomètres de l’endroit du travail d’Eivou se situait une formidable Yechiva dans la ville de Cleveland, anciennement la Yechiva de Telsh en Lituanie. Or un des élèves de la Yechiva devait se marier à New York et avait invité pour l’occasion le Roch Yechiva, rav Mordechai Gifter Zatsal ainsi que quelques amis pour venir le réjouir sous la ‘Houpa. Comme les distances aux USA sont immenses, le Roch Yechiva ainsi que huit de ses amis prirent l’avion pour arriver au mariage. L’appareil prit son envol cependant les conditions atmosphériques qui régnaient sur la ville de New York ne permettaient pas l’atterrissage. En final, l’avion atterrira dans l’aéroport désaffecté où travaillait justement notre Eivou. Les passagers sortirent de l’avion et se détendirent dans le hall en attendant des nouvelles positives quant au climat à New York. Les passagers prirent leur mal en patience tandis que le groupe de la Yechiva présidé par le rav Gifter cherchèrent un endroit isolé afin de faire la prière de Min’ha/après-midi. Le rav s’enquerra d’une pièce de libre auprès de notre porteur américain –sans savoir a qui il avait à faire. Eivou ouvrit une salle pour l’occasion et le groupe commencera à faire la prière. Eivou était dans un coin de la pièce et, observait avec beaucoup d’attention le spectacle: cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas vu de Juifs pratiquants faire une Tefila ! A la fin de la prière, les élèves commencèrent à se disperser c’est alors qu’Eivou se tourna vers le rav en lui demandant pourquoi il n’y a pas eu de Kaddish pour clôturer la prière. Le rav répondit qu’ils n’étaient pas 10 Juifs à prier (le rav et 8 élèves). Eivou dira en Yiddish: « Je suis Juif et je veux dire le Kaddish! » Le rav était abasourdit et fit signe aux élèves de revenir répondre au Kaddish qui sera dit sans faute avec un accent ‘hassidique! Le rav se tourna vers notre porteur et lui demanda par quel hasard il se retrouvait dans un endroit si excentré de toute vie juive! Il raconta alors son histoire avec beaucoup d’émotions, sa descente d’Erets et son installation en Amérique et rajouta:  » Cela fait des années que j’ai coupé tous les ponts avec ma famille. Même lorsque mon père est parti de ce monde, je ne me suis pas rendu au cimetière! Les années ont fait que je me suis complètement détaché de tout lien avec le judaïsme. Seulement hier j’ai fait un étrange rêve! Dans mon sommeil est apparu mon père -paix à son âme. Il me dévisageait avec un regard sévère en me disant que demain c’était son jour de l’année (Yahrtseit) et qu’il me demandait avec empressement de faire pour son âme le Kaddish d’usage pour l’élévation de son âme. Je lui répondis (dans mon rêve) : « Papa, c’est impossible là où je travaille il  n’y a pas un Juif à 100 km à la ronde ! » Il me répondit: »Ne t’inquiètes pas, demain j’organiserai ton Minian! » Conclura Eivou avec émotion : « Je vois que mon père a eu raison ! » Fin de cette extraordinaire histoire véritable qui vient souligner une chose: les causes spirituelles l’emportent sur le matériel ! De plus, on voit qu’après 120 ans, les parents recherchent à tout prix que leur progéniture ne les oublies pas et tiennent à ce qu’ils disent le Kadish. De la même manière, l’étude de la Tora des enfants est une valeur très recherché après 120 ans…

Chabath Chalom, à la semaine prochaine, si D’ le veut !

  David Gold tél : 00972 55 677 87 47 e-mail : 9094412g@gmail.com

On souhaitera (et priera) une guérison complète pour ‘Haïm (Charles) Ben Dévorah parmi les malades du Clall Israel!

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