Michaeli a affirmé dans des conversations à huis clos que « les filibusters (cela consiste, de la part de l’opposition, à faire trainer toute la nuit les séances de la Knesset) sont un outil d’opposition très efficace », et a qualifié l’abandon de cet outil de « scandale ».
Beh’adré ‘Harédim – Avihai Ami – Illustration : shutterstock
Le président du Parti travailliste, la ministre Merav Michaeli, critique durement la conduite de la future opposition dans des conversations à huis clos. Selon Michaeli : « La conduite d’obstruction est un outil d’opposition très efficace comme nous l’avons vu depuis un an et demi. Dans notre cas, quand les ministres sont encore à nous, c’est un outil qui peut aussi amener des victoires dans les votes et un véritable blocage des démarches de la coalition. »
Michaeli a affirmé que « l’abandon de cet outil au profit d’accords sur le report des votes d’un jour et la présentation comme s’il s’agissait d’une sorte de « victoire » est un scandale, certainement face à une coalition prédatrice qui est venue écraser les pierres angulaires de la démocratie israélienne. Le public s’attend à voir une opposition combattante – pas une opposition gâtée ».
Au cours de la semaine dernière, en effet, l’opposition est parvenue à trois reprises à des accords avec la coalition sur l’annulation de l’obstruction systématique qu’elle avait prévue, et les a présentés comme une victoire.
Par exemple, en début de semaine, la coalition et l’opposition sont parvenues à un accord sur la nomination du président de la Knesset, le vote a été reporté de lundi à mardi, mais sans recours à l’épuisante obstruction.
Le parti Yesh Atid n’a pas tardé à présenter les accords comme un acquis. Un communiqué publié par le parti se lit comme suit : « Il n’y aura pas de vote aujourd’hui pour le président de la Knesset. La peur et la pression ont paralysé Yoav Kish qui s’est rendu compte qu’il était incapable de mobiliser son peuple pour les votes et que son calendrier serré reporterait à nouveau et quiconque pensait qu’il serait facile pour Netanyahou de faire chanter et ses partenaires extrémistes pour former un gouvernement, comprend chaque jour à quel point Netanyahou est faible et fatigué. Et ce n’est que le début. »
Un filibuster est une manœuvre politique dont le but est de retarder toute décision à la Knesset, et la critique de Michaeli vient du fait que l’opposition renonce à cet outil, et préfère conclure des accords qui repoussent certes le calendrier de la future coalition, mais qu’elle épargne la peur des surprises.
Il convient de noter qu’en arrière-plan des critiques de Michaeli dans des conversations à huis clos, la députée Emily Moati du Parti travailliste a écrit spécifiquement sur Twitter : « Dans un monde normal, la tendance des vainqueurs est de calmer le camp vaincu, de lui donner de l’espace, d’être attentif à eux. Pas ici, ceux qui attendaient la noblesse des vainqueurs recevaient l’intimidation de la noblesse. Il n’y a pas d’échappatoire à changer de disquettes, il n’y a rien pour s’entendre avec eux, il faut tourner leurs nuits, les épuiser. Rappelez-vous ce qu’ils nous ont fait et rendez-leur avec toute la puissance ».
Juste ces braves gens oublient que c’est exactement, mais dix fois plus gravement, ce qu’a fait le précédent gouvernement, écrasant littéralement les partis d’opposition et leur refusant toute participation à la vie politique locale…
