Paracha Devarim – Chabbath ‘Hazon – Triste et joyeux à la fois ?!

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On priera pour la guérison complète de Yacov Leib ben Sarah parmi tous les malades du Clall Israel.

Triste et joyeux à la fois?!

Cette semaine notre Chabbath s’appellera « Chabbath ‘Hazon » au nom de la Haftara (le passage des prophètes lu après la section hebdomadaire). Il s’agit de « Hazon Yichaïahou »… la vision du prophète Isaïe concernant la destruction du Temple et l’exil. En effet le 9 Av qui tombera cette année jeudi prochain, est la date fatidique de la destruction des deux Temples de Jérusalem (le premier sera détruit par la royauté de Babylone et le second sera brûlé par les Romains ). Les Sages de mémoire bénite enseignent que la cause de cette catastrophe était la haine gratuite. Quel rapport peut-il exister entre les devoirs du cœur et une construction (le Sanctuaire) faite de pierre et de bois ? On pourra comprendre d’après une magnifique allégorie du Talmud Yeroushalmi Nedarim (rapporté dans le Chemirath Halachon du ‘Hafets ‘Haim). Il s’agit d’un quidam qui déambule d’un pas leste sur les grands boulevards de Paris par un après-midi pluvieux… Notre homme porte un grand masque (comme le précise le ministère de la Santé) et « boum » : le pied gauche de notre sympathique passant se cogne sur sa jambe droite, voilà notre élégant parisien qui fait un vol plané et s’écrase sur les platanes de la chaussée… Le choc sera sérieux mais notre homme reprendra vite ses esprits… D’après vous, que fera -t-il : est-ce qu’il prendra son pied gauche –l’origine de l’accident- et le frappera sévèrement ? Certainement que non! Notre homme est sain d’esprit et de corps, c’est sûr,  il ne lui infligera pas de punition. Fin de l’allégorie. Pareillement, la Guemara conclut que le Clall Israël ressemble à un seul corps: il existe la tête (ce sont les Sages des générations), le cœur et les autres organes puis les parties plus basses… C’est l’identité que forme la communauté juive. Et la raison de cette unicité provient du fait que toutes ces âmes ont la même origine : le (dessous) du trône Divin. Donc lorsqu’il y aura haine entre les différents individus qui forment une même communauté, l’âme de ce grand corps se disloquera et D’ (le Père de toutes ces âmes) se retirera. Or, le lieu du Sanctuaire, c’était l’endroit de l’expiation des fautes du Clall Israël et c’est aussi l’endroit de grande proximité avec Hachem. En s’écartant de son peuple, Hachem retira l’essence même du Sanctuaire: il pouvait désormais être la proie des flammes, des Romains …

Cette année j’ai trouvé un beau ‘hidouch (nouveauté). Le prophète Jérémie –qui a vécu à l’époque de la fin du premier Temple- est venu voir le roi juif Tsidikiaou alors que la ville de Jérusalem était assiégée. Le prophète dit au roi, qu’il devait se rendre à l’ennemi et ainsi préserver la ville et l’exil du peuple. Jérémie lui assurait, au nom de D’ que même s’il se rendait, il resterait vivant. La réponse du roi sera négative, il resta à sa place pour combattre l’ennemi. Les résultats furent catastrophiques, le Temple détruit et le peuple partit en exil. L’Admor de Komarno (rav dans la communauté ‘hassidique portant ce nom) apprenait de ce passage un très intéressant principe. Si le roi avait accepté de se rendre, le Temple et la vie juive en Terre sainte auraient perduré malgré le siège et la brutalité des babyloniens. De là, apprend l’Admour, que l’humilité d’un Juif a le pouvoir d’annuler les plus terribles décrets ! Lors du siège de Jérusalem c’était l’humilité du roi qui a été mise à l’épreuve, de nos jours chacun de nous qui fera preuve d’humilité dans des situations tendues aura l’assurance de grandes délivrances !

On voit donc que ce jeudi prochain (30 juillet) –jeûne du 9 Av (qui commence le mercredi soir)- marque la destruction d’un endroit qui symbolisait le cœur du peuple juif. Et la manière de réparer –de nos jours- la faute se sera de multiplier l’amour et la fraternité parmi le peuple.

La Guemara dans Chabbath 30 enseigne un principe : l’esprit prophétique ne réside pas chez un homme triste mais uniquement chez la personne qui est heureuse dans les Mitsvoth (le Rambam H. Yessodé HaTora 7.4 rapporte aussi cette condition pour accéder à l’esprit prophétique). Donc comment comprendre que les prophètes Yechayahou et Jérémie ont pu prédire d’aussi grandes tragédies pour tout le peuple et avoir un cœur joyeux ? Cette année je vous rapporterais deux explications (une troisième existe, elle est écrite dans le nouveau best-seller qui vient tout juste de sortir de l’impression « Au cours de la Paracha » et je vous préconise de vous le fournir au plus vite…). Le Yad Hamélekh (sur le Rambam) explique que le prophète devait atteindre un niveau de perfection pour que le souffle divin s’épanche sur lui. Donc s’il avait – le prophète- une tare quelconque, cela l’empêchait de recevoir la parole Divine. Cependant la tristesse qu’il pouvait ressentir lorsqu’il prophétisait la destruction du Temple, ce n’était pas dû à un défaut particulier de sa personne ou une faiblesse. Au contraire, cet homme avait atteint un niveau de grande sainteté et de pureté du cœur qui lui permettait de ressentir avec beaucoup d’acuité toutes les douleurs de la communauté. Donc lorsque la Guemara enseigne que le prophète ne pouvait pas être triste pour recevoir l’esprit prophétique, le Talmud parle d’une tristesse due à un défaut de la personne. Par exemple une maladie (qui rend la personne triste) ou la perte d’un proche –que D’nous en garde. Mais une tristesse qui provenait de la pureté de cœur ne rendait pas invalide sa prophétie.

Une autre réponse –rapporté dans le Ma’adné Acher- c’est celle du Ya’aroth Devach (Hélek 1 Drouch 13). Pour le Tsadiq (homme élevé spirituellement), le bonheur d’un individu provient de la proximité avec D’. Au contraire, le grand malheur c’est l’éloignement de Hachem. Seulement le commun des mortels n’a pas cette juste vision des choses de la vie (pour beaucoup le bonheur signifie les vacances… Le malheur, c’est le travail et les autres obligations et aussi corona qui nous empêche de nous dorer sur les plages comme à l’accoutumée…). Donc le prophète d’Israël ne sera pas attristé en prédisant des événements terribles car il sait –et il le vit: ce n’est pas un film…- que les difficultés d’un homme le rapprochent en final de son Créateur (car cela l’amènera à se repentir) donc le saint homme-prophète- restera serein et dans la joie malgré ces terribles visions.

Quand la sueur vaut plus que la BM…

Cette semaine on continuera sur les causes de notre exil mais cette fois au travers d’une perle d’histoire véridique. C’est le rav ‘Haim Zaïde qui l’a rapportée. Un soir, le rav Zaide qui habite Bené Braq (ville de Tora en Terre sainte) est contacté par trois frères afin de faire régner l’entente dans une histoire d’héritage. En effet, leur père venait de disparaître laissant derrière lui une institution propriétaire de trois immeubles dans le centre du pays. Or, les héritiers ne s’entendaient pas du tout sur le partage équitable. Donc le soir convenu, les trois frères se réunirent auprès du rav Zaïde pour arriver à un compromis. Pour l’occasion, le rav avait placé sur la table de la salle à manger des petits gâteaux, du Coca etc. Les frères qui avaient la quarantaine bien passée s’assirent autour de la table et commencèrent une âpre discussion… L’aîné commença en disant qu’il devait recevoir le double de l’héritage, donc il revendiquait 2 immeubles sur les trois (dans la réalité, l’aîné a droit à une part en plus par rapport à tous les autres frères, donc dans ce cas on devrait diviser les biens entre 4 parts égales  et l’aîné prendrait deux part (sa part plus celle supplémentaire du droit d’aînesse) et les deux autres frères auraient droit chacun à une part soit 25% des biens). Le cadet revendiquât qu’il devait recevoir un immeuble en plus car il s’était occupé de leur père toutes ces années passées. (Un peu comme la dispute rapportée dans « Autour de la table du Chabath » d’il y a deux semaines dans la paracha Balaq). Le rav avait commencé la réunion familiale vers les 10 heures du soir et à 2h30 elle était loin d’être terminée. Fatigué, le rav dit qu’il clôture la réunion et que chacun reprenne la route de sa maison… Bonne nuit ! Quelques jours passèrent, et un des frères recontactera le rav Zaïde en lui disant qu’il venait de recevoir une lettre des services des impôts du pays où coule le lait et le miel. Et la lettre très officielle donnait une semaine aux héritiers pour leur permettre de trouver un accord, faute de quoi  tous les biens seraient placés sous séquestre de l’État. A nouveau, le rav essaya de faire la paix entre la fratrie et invitera les frères à faire le Chalom dans sa maison. Les frères se rendirent chez le rav (il n’est pas dit qu’ils avaient alors des masques sur le visage à cause de corona). Cette fois il n’y a avait plus de gâteaux sur la table du rav seulement le rav Zaïde dit en deux mots l’urgence de la situation et lira la lettre des services de l’Etat. Rav Zaïde était persuadé que l’imminence de la mise en séquestre des 3 immeubles allait faire effet sur la fratrie… Or la déception du rav sera garde… Le cadet dira que sa part d’héritage consistait en un immeuble plus la moitié d’un autre immeuble, … L’ainé restera aussi sur ses deux immeubles… En quelques minutes la réunion se transforma en O-K Corral (pour ce qui ne connaissent pas leurs classiques, c’est le Far West)… Le rav Zaïde suspendit la réunion, il n’avait plus de temps à perdre : « Au revoir ! » Les frères sortirent de chez le rav. La semaine passa, et le rav n’eut plus aucune nouvelle de la fratrie (disloquée…). Plusieurs mois (et peut-être années…) passèrent… une fois le rav fut invité dans un mariage à Bené Brak dans une salle excentrée du centre ville (pour les connaisseurs: Pardess Kats). Le rav siégeait à la table d’honneur (des Rabanim). A un moment de la soirée –après avoir servi le plat principal- un homme dégoulinant de sueur et tout essoufflé s’approcha de la table d’honneur en demandant la Tsedaka/ l’aumône… C’était un mendiant, dans la langue de nos frères ashkenaze : schnoreur. Le rav dévisagera l’inconnu et lui dira : « Dis-moi, tu ne faisais pas parti des trois frères qui sont venus chez moi à deux reprises pour une dispute sur un héritage ? » Le mendiant dira : »Effectivement ! ». Le rav continua : » Tu vois, si tu avais accepté la revendication de tes autres frères, tu serais aujourd’hui avec une moitié d’immeuble en plein centre du pays. (Pour certains de mes lecteurs qui ne savent pas, le prix des appartements dans le centre du pays équivaut au prix pratiqué dans certains quartiers de Paris…). Et, au lieu de venir tout essoufflé et demander la Tsedaka tu serais venu au moins avec une BMW dernier cri… » Le pauvre dira : » PEUT IMPORTE ! LE PRINCIPAL C’EST QUE JUSTICE SOIT FAITE ! JE PREFERE QUE LA VERITE L’EMPORTE ET QUE MES AUTRES FRERES NE RECOIVENT RIEN DE CE QU’ILS RECLAMENT INJUSTEMENT ! JE SUIS TRES HEUREUX DE CELA ! »  (Cqfd). C’est une perle rare –véridique- qui vaut bien 5 millions de dollars… Et c’est certainement ce genre d’histoire de famille qui empêche la construction du Temple. Car la discorde financière dans les familles et le meilleur fermant pour cultiver la haine et la jalousie (et peut-être qu’il faudra rectifier : la jalousie et la haine sont les meilleurs ferments pour créer des disputes financières majeures dans les familles…). Que Hachem nous ouvre les yeux et fasse régner la paix et l’amour au sein des familles et du Clall Israël afin de faire venir au plus vite le Mashia’h et reconstruire le Temple de Jérusalem.

Chabath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut      

David Gold

On souhaitera à tout le Clall Israel un jeûne facile et que ces jours de deuils se transforment en jours de joies et d’allégresse !

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