Affaire Thouraya : l’Agence France-Presse a-t-elle tronqué un communiqué de Tsahal?

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En omettant le point principal du communiqué de l’armée israélienne, l’AFP en a détourné le sens. Explication de texte.

 

InfoEquitable a souhaité revenir plus en détail sur un point que nous avions déjà abordé dans notre précédent article consacré à la mort, dans des circonstances controversées, du militant palestinien Ibrahim Abou Thouraya.

Il nous a paru en effet important d’exposer les pratiques de l’Agence France-Presse dans son traitement de cette affaire.

Ancien membre de la Force 17, la garde présidentielle palestinienne, amputé des deux jambes et ne se déplaçant que sur un fauteuil roulant, Ibrahim Abou Thouraya aurait été tué le 15 décembre dernier lors d’affrontements entre des émeutiers et l’armée israélienne, à la frontière entre Gaza et Israël.

 

 

Le conditionnel, dans cet affaire, s’impose tant les conditions dans lesquelles le handicapé palestinien a trouvé la mort sont peu claires.

Pourtant, dès le 15 décembre, l’AFP a repris sans grande réserve la version du ministère de la Santé de Gaza selon laquelle Abou Thouraya aurait été abattu « d’une balle dans la tête », tirée par les Israéliens.

Très rapidement, les images à la gloire du « martyr » Thouraya ont été diffusées sur les réseaux sociaux.

Une vidéo, prétendant montrer les derniers instants d’Ibrahim Abu Thouraya jusqu’au au moment où il aurait été tué par un sniper israélien, circule sur YouTube.

 

 

Cette vidéo qui ne montre rien présente toutes les caractéristiques d’un faux document de propagande.

La version de l’armée israélienne

Quatre jours plus tard, le 19 décembre, l’armée israélienne rend publics les premiers éléments de l’enquête préliminaire qu’elle a menée au sujet de la mort du handicapé palestinien.

Dans cette dépêche, Reuters a rapporté les termes du communiqué de Tsahal :

 

 

Les propos rapportés par Reuters peuvent se résumer en quatre points :

  1. Les causes exactes du décès d’Ibrahim Abou Thouraya ne sont pas établies.
  2. En revanche, l’armée israélienne est en mesure d’affirmer qu’à aucun moment l’activiste handicapé n’a été la cible de tirs à balles réelles, ce qui dément la version des services de santé palestiniens selon laquelle il aurait été atteint « d’une balle dans la tête ».
  3. Pour ne rien laisser dans l’ombre, les Israéliens indiquent qu’il ne leur a pas été possible de déterminer si Ibrahim Abou Thouraya a été atteint de quelque manière que ce soit par les moyens anti-émeutes utilisés pour disperser les manifestants.
  4. Les Israéliens rappellent que de nombreux émeutiers étaient en possession d’engins explosifs et de bombes artisanales qui ont été lancés sur les soldats dans le but de les blesser. « Dans la majeure partie des cas, des moyens non-létaux ont été utilisés pour disperser les émeutiers. Quelques tirs à balles réelles ont visé les principaux instigateurs », parfaitement identifiés, précise Tsahal (parmi lesquels ne se trouvait pas Abou Thouraya).

 

La réécriture du communiqué de Tsahal par l’AFP

Ce même 19 décembre 2017, à 14 h 42, l’AFP publie une dépêche où elle rapporte – à sa façon – les déclarations de l’armée israélienne :

 

 

Cherchez l’erreur, un élément a disparu dans cette version du communiqué de l’armée rapporté par l’AFP :

L’Agence France Presse a tout bonnement supprimé le point le plus important, à savoir que l’armée israélienne affirme qu’elle est certaine de ne pas avoir tiré à balles réelles sur Ibrahim Abou Thouraya.

 

L’AFP persiste et signe dans son mensonge par omission 

Deux semaines plus tard, le 4 janvier 2018, alors que l’armée israélienne annonce qu’elle ouvre une enquête approfondie sur cette affaire, confiée à la police militaire israélienne, l’AFP publie une nouvelle dépêche dans laquelle elle indique à nouveau, de manière plus resserrée :

 

 

Décryptage – Une fraude journalistique majeure

Cette omission d’une information pourtant essentielle témoigne des méthodes pernicieuses employées par l’agence de presse française pour, en quelques phrases et escamotages, diaboliser chaque fois un peu plus les Israéliens.

Il faut relire attentivement ces trois paragraphes pour réaliser l’effet désastreux qu’ils ne manqueront pas de susciter chez le lecteur, qu’il soit journaliste professionnel ou simple internaute.

En passant sous silence le fait que les Israéliens affirment ne pas avoir tiré à balles réelles sur Ibrahim Abou Thouraya, l’AFP accrédite et valide du même coup l’accusation du ministère de la Santé palestinien de Gaza selon laquelle le handicapé « est mort d’une balle israélienne dans la tête ».

(Une fois de plus, l’AFP privilégie et prend pour argent comptant les assertions des services de santé à Gaza qui, totalement sous la coupe du Hamas, transmettent depuis des années de fausses informations aux médias occidentaux. Voir à ce sujet, l’article publié par InfoEquitable en septembre 2016).

Dès lors, les propos tronqués des Israéliens s’en trouvent dénaturés et prennent un tour parfaitement odieux.

Voilà en substance ce que la dépêche parvient à leur faire dire : « Oui, bien sûr, nous avons abattu un handicapé sans défense d’une balle dans la tête. Mais selon nos propres critères, nous avons fait preuve de retenue et n’avons commis aucune faute morale ». 

Allez ensuite tenter de prendre la défense des Israéliens auprès de l’opinion publique.

Ces propos, qui bien sûr n’ont jamais été tenus, ne correspondent pas à la réalité.

Ils ne sont amenés que sur le mode de l’insinuation grâce à une omission dont on conçoit difficilement qu’elle ait pu être involontaire.

Tout le contraire du journalisme et des règles d’éthiques professionnelles auxquelles l’AFP s’est pourtant engagée dans sa charte.

Nous avons adressé à l’AFP cet article la mettant en cause et ne manquerons pas d’informer les lecteurs d’InfoEquitable de sa réponse.

Source infoequitable.org

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