Mélenchon et le Crif, un désamour de longue date

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Le patron du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a estimé que Jean-Luc Mélenchon n’était pas le bienvenu ce mercredi la «marche blanche» organisée après le meurtre de Mireille Knoll, l’octogénaire juive tuée vendredi à Paris.

 

« Le communautarisme du Crif est particulièrement agressif », avait notamment commenté Jean-Luc Mélenchon en décembre dernier, alors que le Conseil représentatif des institutions juives de France appelait Emmanuel Macron à suivre la décision des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Un exemple parmi tant d’autres des oppositions publiques entre la célèbre fédération d’associations et le patron de la France insoumise, qui lui vaut ce mercredi d’être persona non grata à la « marche blanche » organisée après le meurtre de Mireille Knoll, une octogénaire juive tuée vendredi à Paris.

Selon le président du Crif, Francis Kalifat, « les symboles de la haine des juifs dans notre pays ne peuvent pas être présents » à cet hommage prévu à partir de 18h30 place de la Nation et jusqu’au domicile de la victime, dans le XIe arrondissement de Paris. Ciblant nommément le Front national, sa présidente Marine Le Pen, ainsi que le leader de la France insoumise, le représentant communautaire s’est attiré les foudres de politiques de tous bords, considérant qu’il n’appartient à personne d’autoriser ou d’interdire quiconque à rendre hommage à la défunte. Le fils de Mireille Knoll a lui-même invité « tout le monde » à venir honorer la mémoire de sa mère.

Depuis quelques années en effet, l’Insoumis froisse régulièrement une partie des Juifs, tantôt en déplorant les dérives du communautarisme, tantôt en soutenant ostensiblement les Palestiniens face à Israël. Si la question fait débat au sein même des Français de confession juive, bon nombre regrettent tout de même les prises de position parfois tranchées de Jean-Luc Mélenchon.

Francis Kalifat a d’ailleurs précisé ce mercredi que le leader des Insoumis n’était pas le bienvenu compte tenu son soutien au « boycott d’Israël BDS (mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions, NDLR) » qui exprimerait, selon le responsable communautaire, « une haine de l’Etat d’Israël et des juifs ». Lors de l’université d’été 2014 du Front de gauche, dont il était alors coprésident, Jean-Luc Mélenchon avait en effet félicité la jeunesse française qui avait su selon lui se mobiliser avec une « discipline parfaite » lors d’une manifestation en défense « des malheureuses victimes de guerre à Gaza » dans le conflit israélo-palestinien. Des propos mal digérés par certains Juifs qui rappellent régulièrement depuis que lors de cette mobilisation pro-Gaza, des incidents avaient eu lieu dans Paris et à Sarcelles aux cris de « Mort aux Juifs ». Une dizaine d’interpellations avaient eu lieu au moment de la dispersion de la manifestation et le Premier ministre, Manuel Valls, avait « condamné avec la plus grande fermeté les violences qui ont eu lieu aux abords de deux synagogues ».

Interdit de dîner annuel du Crif

A l’image d’autres penseurs juifs, le professeur associé à Sciences-Po François Heilbronn dénonce « les complaisances de Jean-Luc Mélenchon pour les manifestations antisémites de l’été 2014 », ses « propos caricaturaux » et « sa volonté de stigmatiser la solidarité des Français juifs avec Israël ». Et de rappeler dans une tribune sur La Règle du jeu, le site Bernard-Henri Lévy, qu’à l’inverse la manifestation de solidarité avec Israël organisée par le Crif avait consacré une minute de silence pour les victimes palestiniennes et israéliennes.

Depuis, les relations entre la fédération d’associations et l’ex-candidat à la présidentielle sont on ne peut plus tendues. En février 2017, en pleine élection, le traditionnel dîner de la fédération avait ainsi convié tous les candidats, sauf trois : l’écolo Yannick Jadot, là aussi pour son soutien au boycott des produits israéliens – illégal en France – puis Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon que Francis Kalifat renvoyait déjà « dos à dos » car « ils véhiculent tous les deux la haine ». Et d’ajouter : « Nous savons aujourd’hui qu’un nouvel antisémitisme avance masqué, déguisé sous le terme d’antisionisme. Le dîner du Crif est un dîner républicain. Ne peuvent donc y assister que des candidats républicains. »

« Dès que ça ne leur plaît pas, vous êtes antisémite ! »

Dans un premier temps, les proches de Jean-Luc Mélenchon avaient tenté d’éteindre la polémique, avant que le leader lui-même ne sorte de ses gonds sur son blog : « Me comparer au parti d’extrême droite dont l’histoire européenne est mêlée aux pires atrocités commises contre les Juifs, est une faute morale et politique. […] Je ne considère pas que le CRIF représente les Français de confession juive. S’il représente le gouvernement israélien et, pour cette raison, considère que j’en suis un opposant, je confirme que, comme beaucoup d’Israéliens d’ailleurs, je ne soutiens pas le gouvernement de Netanyahou ! »

Puis Jean-Luc Mélenchon d’insister en décembre dernier, lors du soutien du Crif à la décision de Donald Trump de transférer son ambassade à Jérusalem : « C’est une association communautaire qui en plus, manie un rayon paralysant. Dès que vous dites quelque chose qui ne leur plaît pas, pouf ! Vous voilà repeint en antisémite. Et on vous dit : Vous n’êtes pas invité au dîner. Mais je m’en fous moi. J’ai pas envie d’y aller ! » Pour l’hommage de ce mercredi en revanche, « nous avions prévu d’y être et nous y serons », a précisé le député de La France insoumise Adrien Quatennens.

Source www.leparisien.fr

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