Survivant de quatre camps de concentration, Ben Lesser, 91 ans publie ses mémoires

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« Il faut garder les yeux et les oreilles grands ouverts.” Rescapé de l’Holocauste, Ben Lesser, 91 ans, exhorte à ne jamais baisser la garde. Surtout en cette période où populisme et antisémitisme sont de retour dans de nombreux pays. Lui qui a réchappé à quatre camps de concentration, dont Auschwitz (« l’enfer sur terre, au sens propre », dit-il), qui a connu la barbarie parce qu’il était juif et qui, à la Libération, avait 16 ans et ne pesait plus que 30 kilos, multiplie depuis un quart de siècle les interventions dans les écoles, lycées et universités. Il veut témoigner.

Parues d’abord aux Etats-Unis, ses mémoires sont sorties en juin en français (Le sens d’une vie : du cauchemar nazi au rêve américain, Editions Notes de Nuit). Cet été, l’infatigable orateur qui, conférence après conférence, prône « la tolérance », s’est entretenu avec Challenges depuis sa maison de Las Vegas. Il appelle à lutter contre la haine, car celle-ci « peut mener, comme on l’a vu par le passé, aux pires extrêmes ». C’est d’une voix douce que le vieil homme évoque « les horreurs auxquelles l’être humain a montré qu’il est capable de s’adonner ». Il choisit ses mots. Lui qui a appris l’anglais à l’âge adulte parle une langue précise, sobre, mâtinée d’un imperceptible accent de cette lointaine Europe de l’Est où il a passé sa prime enfance, partagé entre Pologne et Hongrie.

Les réseaux sociaux, « précieux garde-fou »

Son ton mesuré force l’attention et le respect. « Nous autres, survivants de la Shoah, désormais octogénaires et nonagénaires, sommes les derniers à pouvoir témoigner de l’authenticité de ce que nous avons réellement vécu. » Le monde entier doit se souvenir. « Rien n’est plus dangereux que l’amnésie », avertit le vieil homme. « Hitler n’a pas commencé avec des armes, mais avec de la haine. Puis, il a prononcé des discours de haine. Il a monté le peuple allemands contre nous, les Juifs. Nous sommes devenus ses boucs-émissaires ». On ne peut s’empêcher de penser aux manifestations xénophobes que l’Europe a connues depuis la crise des migrants. En Allemagne de l’Est, en particulier. Il y a un an exactement, le 26 août 2018, à Chemnitz en Saxe, les images d’une police débordée par des hordes déchaînées avaient frappé les esprits.

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