Des Juifs pro-Iran et des Arabes pro-Israël

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Fakhrizadeh, goal du club R.I.I

Goal, en anglais, se traduit littéralement par « but ». En français, c’est le gardien qui porte ce nom sur les stades de foot. Cela pourrait aussi être celui qui défend le but ultime de son pays. Dans l’équipe de la République Islamique d’Iran, Mohsen Fakhrizadeh avait ce rôle. Il a été tué dans des circonstances rocambolesques, par des tirs au but transformés par des joueurs trop modestes pour venir saluer sur le terrain.

Les seuls qui regrettent le défenseur iranien sont les actionnaires de la Chiite Atomic Connexion… et l’Union européenne, qui éprouve une attirance pour les tapis d’Orient (volants ou sédentaires) et pour l’antisionisme.

C’est pourquoi le porte-parole du haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a publié une déclaration le 28 novembre 2020, dénonçant l’assassinat de Fakhrizadeh comme un

« acte criminel qui va à l’encontre du principe de respect pour les droits de l’homme que défend l’UE. »

Respect pour les droits de l’homme ?

Dans la version en arabe du journal Al-Ain en ligne, l’analyste politique saoudien Abdullah Otaibi appelle un shah un shah et le gouvernement iranien un régime meurtrier qui « n’a jamais hésité à utiliser l’arme de l’assassinat contre ses opposants politiques (Al-Ain). »

Josep Borrell considérerait-il l’assassinat politique comme un droit de l’homme défendu par l’UE ?

Ou peut-être ce droit est-il spécifiquement réservé aux États voyous représentant un marché pour les produits européens ?

Mohammed Al-Saaed, un collègue d’Otaibi, chante sur la même longueur d’ondes, rappelant d’abord que celui que l’UE appelle « le scientifique » était aussi un commandant des Gardiens de la révolution et qu’il ne travaillait pas sur le vaccin contre le coronavirus, mais sur l’arme atomique.

Ça tombe bien, la France est l’une des rares qui s’arc-boutent contre le classement du Hezbollah comme terroriste. Dans le chapitre « dis-moi avec qui tu pleures, je te dirai qui tu es », notre pays est en belle compagnie : en sus du Hezb, les Frères musulmans, le Hamas, la Turquie, le Qatar et le régime d’Assad en Syrie… Rien que des gens respectueux du principe des droits de l’homme que défend l’UE !

Joe Biden, sauveur potentiel de l’Iran et de sa bombe

Le gouvernement français lui-même rappelle que l’Accord majuscule, qui est censé interdire à l’Iran de se doter de l’arme atomique, n’a été signé par personne (Diplomatie). La France se trompe : l’accord n’a été signé par aucun État, mais l’a quand même été par un individu, Barack Obama. Il est le seul à s’être engagé dans cette histoire. En janvier prochain, il tiendra les rênes de l’attelage Biden-Harris et il est bien décidé à faire revenir les USA dans le chemin tortueux où il les avait déjà mal-menés. S’il n’en reste qu’un à aider financièrement l’Iran à obtenir la bombe H, il sera celui-là.

Quand, en 2018, Trump a retiré son pays de l’accord nucléaire et réimposé des sanctions à l’Iran, cela a paralysé l’économie du régime islamique et ralenti non seulement son accès à l’arme nucléaire, mais aussi ses subventions à ses filiales terroristes, les 3H : Hezbollah au Liban, Hamas à Gaza et Houthis au Yémen.

Les mollahs ont bon espoir que, piloté par leur allié Obama, Biden leur permettra de reprendre leur rythme de (missile de) croisière. Grâce à la clause qui limite les restrictions sur le programme nucléaire iranien à la date d’expiration de l’accord, celui-ci ouvre un boulevard à Téhéran pour devenir légitimement un État nucléaire, qui reprendra paisiblement son financement du terrorisme mondial.

Les Libanais supplient Biden de ne pas les Obamater

Samy Gemayel, chef du parti libanais chrétien Kataeb, a adressé une supplique au président-élu Biden :

« Le peuple libanais espère que vous l’aiderez à se débarrasser du Hezbollah. Se rapprocher de l’Iran encouragerait davantage le Hezbollah et lui permettrait de détruire le Liban en le transformant en une colonie sous contrôle iranien. Le peuple libanais… est aujourd’hui retenu en otage par une milice financée par l’Iran, dont les armes viennent d’Iran et dont le chef, Hassan Nasrallah, déclare clairement et publiquement qu’il reçoit ses ordres d’Iran. Le Hezbollah est le seul parti au Liban qui compte 20.000 soldats sur le terrain… il peut faire beaucoup pour rendre notre démocratie totalement fictive. Aujourd’hui, nous sommes traités comme des otages, la communauté internationale doit nous aider (Observatoire Syrien des Droits de l’Homme). »

Gemayel, énième du nom dans la politique de son pays, est un expert en assassinats politiques, mais du côté de la lame dont l’Iran tient le manche : son grand-père, Pierre Gemayel, fondateur du parti que Samy dirige aujourd’hui, a survécu à plusieurs attentats.

Son oncle Bachir, qui voulait faire la paix avec Israël, a été assassiné trois semaines après son élection à la présidence de la république libanaise, en 1982. Son frère, Amine, le père de Samy, lui a succédé.

À la fin de son mandat, Amine Gemayel a dû s’exiler en Suisse pendant 12 ans, car au moment de désigner un successeur potentiel, en 1988, il s’était retrouvé entre l’enclume de la constitution libanaise, qui demande un président chrétien, et le marteau de la puissance occupante syrienne, qui voulait y mettre un musulman.

Dans la famille Gemayel, on a aussi perdu la jeune Maya Bachir, dans un attentat en 1980, et Pierre Amine, le frère de Samy, qui était ministre de l’Industrie, assassiné en 2006.

Quiproquo sur un Quid Pro Quo

En anglais, un Quid Pro Quo est un échange de bons procédés : « Donne-moi ta montre, je te donnerai l’heure ».

L’accord nucléaire d’Obama avec Obama, en 2015, a permis aux mollahs de renflouer leurs caisses de plusieurs milliards de dollars. Avec ça, ils ont financé les Gardiens de la révolution islamique (CGRI), lesquels à leur tour, ont eu de quoi entretenir et armer leurs troupes de terroristes au Liban, en Irak, en Syrie, au Yémen et dans la bande de Gaza. Le Venezuela n’a pas été oublié : Nicola Maduro doit une éternelle reconnaissance à l’Iran pour ses missiles à moyenne et longue portée (Gatestone Institute).

Grâce à l’accord nucléaire, un Iran plus riche et mieux armé a été en mesure de peser plus lourd sur le Moyen-Orient, où ses missiles balistiques ont été déployés comme jamais. Le retrait de Trump et les sanctions qui l’ont suivi ont mis un frein à cette politique hégémonique.

On comprend que les mollahs rêvent de reprendre leurs activités récréatives et de participer à l’avènement du Jugement dernier, qui est impossible tant qu’un Juif sera encore vivant :

« Le prophète Mahomet ‘’nous a parlé de la bataille finale et décisive. Le Jour du Jugement ne viendra pas tant que les musulmans n’auront pas combattu les Juifs. Les Juifs se cacheront derrière les rochers et les arbres, et les rochers et les arbres diront : Ô musulman, ô serviteur d’Allah, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens le tuer – excepté l’arbre Gharqad, (arbre de Judée, NDLT) qui est l’un des arbres des Juifs’’ (Times of Israel)».

On comprend aussi qu’ils tendent leur sébile en direction de Joe Biden, pour parvenir à leurs fins (du monde).

Ce qui reste incompréhensible, c’est l’oreille bienveillante que leur tend le président-élu américain, qui doit savoir aussi bien que nous ce que Vouzémoi savons.

La haine a ses raisons que la raison ne reconnaît pas

Ce que nous savons, c’est l’Iran lui-même qui ne se lasse pas de le répéter, aussi n’avons-nous pas beaucoup de mérite. Le pays à la tête de la quatrième réserve de pétrole du monde (avec 156 milliards de barils) et de la deuxième réserve de gaz naturel, dont cependant, la population est dans la misère, n’a vraiment pas besoin de dépenser tous ses revenus pour se doter d’une énergie nucléaire « pacifique ». Les mollahs ont, en effet, dépensé des milliards dans un programme top secret tout en conduisant leur pays à la faillite et en répétant, depuis 1979, le mantra de Khomeiny : « Nous devons tous nous lever et détruire Israël. »

Cela se conjugue à tous les temps et à toutes les formes. Par exemple, mi-juin 2019, c’est le président du Comité de la sécurité nationale et de la politique étrangère, Mojtaba Zonnour, qui a déclaré, lors d’une interview pour la télévision nationale que « Israël ne survivrait pas 30 minutes si les États-Unis ciblaient l’Iran (YouTube) » en représailles de sa reprise du programme nucléaire.

Les citations de la bouche des différents chevaux de l’attelage iranien sont innombrables : à la conférence « le monde sans sionisme » d’octobre 2005, après avoir rappelé que « le régime d’occupation devait être effacé des pages du temps », Mahmoud Ahmadinejad a affirmé que la « nouvelle vague de contestation en Palestine éliminera bientôt cette tache disgracieuse du visage du monde musulman (New York Times). » Deux ans plus tard, le même exprimait la même haine avec la même ferveur :

« Nous voulons aussi un nouveau Proche-Orient, mais dans le nôtre, il n’y a aura plus de traces des sionistes (le Point). »

L’année 2020 n’a pas été propice à ceux qui devaient mettre en œuvre ce projet : après Qassem Soleimani en janvier et Abdullah Ahmed Abdullah en août, cela a été le tour de Fakhrizadeh, le 27 novembre. Il n’est probablement pas le dernier et ses successeurs mettront peut-être moins de cœur à l’ouvrage. D’autant que les larmes authentiques versées pour la mort du « Soleimani de la bombe iranienne » tenaient dans l’œil d’un seul crocodile…

Le soutien inopiné, mais intéressé, de J Street

Le 28 novembre 2020, le président de J Street, Jeremy Ben-Ami, a publié une déclaration selon laquelle

« l’assassinat d’un scientifique nucléaire iranien de haut niveau semble être une tentative de saboter la capacité de la nouvelle administration Biden de réintégrer le Plan d’action global conjoint (JCPOA) ainsi que les chances de poursuivre la diplomatie, soit en limitant la marge de manœuvre politique des responsables iraniens qui veulent restaurer l’accord, soit en déclenchant une escalade menant à une confrontation militaire (JStreet). »

Le lobby que Jeremy Ben-Ami a créé aux États-Unis en 2008, sous le nom de J Street, avait pour objectif « de donner des éléments aux démocrates pour qu’ils fassent pression sur Israël et le forcent à conclure un accord avec les Palestiniens. » Il pensait que son mouvement aurait une durée de vie très brève : « Je veux essayer cette théorie du changement et si cela ne fonctionne pas, je fermerai boutique et nous travaillerons sur le changement climatique (the Intercept). »

Douze ans plus tard, J Street est toujours là, Ben Ami est toujours à sa tête et il n’a toujours pas forcé Israël à quoi que ce soit. Il ignore peut-être que pour faire la paix, il faut être deux. Ou bien il choisit mal ses amis et évalue mal les ennemis de la paix : il fait pression sur celui qui la veut, sans essayer d’influencer celui qui cherche le conflit. Ce n’est pas le meilleur moyen d’arriver à ses fins, si la paix est vraiment ce qu’il cherche.

En revanche, si son objectif est d’exister dans les médias, il a trouvé dans la mort du père de la bombe iranienne un créneau où il espérait avoir peu de concurrence. C’est vrai : le Hezbollah, le Hamas, Erdogan et l’Union européenne ne pèsent pas plus qu’une fiente d’hirondelle au printemps.

Un commentateur a vu en lui « à la fois un idiot utile et celui qui vend de la corde aux Iraniens pour qu’ils le pendent. L’alternative est bien pire, à savoir qu’il travaille sciemment pour apporter la solution finale à l’État juif (Jewish Press). »

Ben Ami se voyait déjà en haut de l’affiche jaune des traîtres, mais il doit la partager avec des BDS, alter juifs1 et autres Capjpo, qui n’existent que par leur soutien au camp des antisémites. C’est lui qui mérite une larme. Ni de chagrin, ni de pitié, juste de mépris.

Liliane MessikaMABATIM.INFO

1 © Shmuel Trigano.

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