La tentation de l’exode des Juifs britanniques

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Des temps mauvais en Grande-Bretagne. Comme le nôtre, le pays connaît une violente poussée d’antisémitisme.

Les médias britanniques alertent. Le Standard, un quotidien conservateur, publiait il y a deux jours un article au titre choc : « Les Juifs de Londres envisagent de fuir la capitale face à une énorme vague d’antisémitisme ». Il raconte les craintes des Juifs du Royaume-Uni, confrontés à une explosion des actes antisémites. Un sondage montre que la moitié des 200 000 Juifs de la capitale envisagent de partir à l’étranger.

C’est factuel, les actes antisémites connaissent une explosion au Royaume-Uni.

Plus de 4 100 incidents antisémites ont été répertoriés dans le pays en 2023. Ils ont doublé en un an. Un chiffre en trompe-l’œil. Ça a été une déferlante en quelques mois, après le 7 octobre. Au dernier trimestre 2023, les actes antisémites ont connu une hausse ahurissante de 600 % par rapport à l’année précédente en Grande-Bretagne.

L’article du Standard raconte un climat menaçant.

Les Juifs de Londres vivent, dit l’article, une intimidation massive. Il existait, raconte l’auteur, une hostilité persistante de certaines communautés envers les Juifs. Elle s’est transformée en passages à l’acte, en marge des manifestations de soutien au Hamas qui sont ouvertement antisémites à Londres. Une désinhibition qui se prolonge par des intimidations, des menaces de mort contre des parlementaires juifs. Plusieurs en ont témoigné à la BBC la semaine passée. Un député a démissionné, parce qu’il craignait pour sa vie. Selon les mots du premier ministre Rishi Sunak, « le régime de la foule remplace le régime démocratique ».

L’antisémitisme s’est immiscé dans le quotidien britannique.

Début février, un théâtre de Londres a dû s’excuser après qu’un acteur de one man show avait chassé des spectateurs juifs de la salle, sous les huées du public. Et puis, il y a cet autre article qui fait frémir, publié il y a deux jours dans le Telegraph. Il compile des témoignages d’auteurs, d’agents littéraires, expliquant qu’il était devenu extrêmement difficile de faire publier des auteurs au nom à consonance juive ou des livres au « sujet juif ». Le Londres littéraire, dit un éditeur, leur est devenu une zone interdite. Et à l’université, c’est la même chose.

Comme chez nous, ce que vit le Royaume-Uni est une conjonction d’antisémitismes.

Il y a un vieil antisémitisme d’extrême droite, héritier d’Oswald Mosley, le fondateur du parti fasciste britannique. Il y a aussi un antisémitisme musulman importé, qui se déverse en prêches haineux dans les mosquées de Londres. Et puis, il y a un antisémitisme opportuniste, qui gangrène les rangs de la gauche britannique. Le Labour a été secoué par la multiplication des plaintes pour des actes et paroles antisémites. Jusqu’à Jeremy Corbyn, leader du parti jusqu’en 2020, qui avait déposé des fleurs sur la tombe d’un des terroristes palestiniens des JO de Munich de 1972. Tout cela refait surface à Londres, comme un grand égout qui déborde.

Europe 1 – Illustration : une ancienne synagogue de Londres

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