Le rabbi de Kalov, par. Balak : À la recherche des qualités d’autrui

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«Parole de l’homme au clairvoyant regard » (Bamidbar 24,3)

L’ouvrage Tsvi Letsadik (chap. 22,12) décrit une rencontre, dans une station balnéaire, entre l’auteur du Tséma’h Tsadik de Vijnitz et rabbi Tsvi Hirsch de Liska, auteur de l’ouvrage Akh Pri Tevoua, lors de laquelle le rav de Liska expliqua au rabbi comment il était devenu ‘Hassid.

Dans sa jeunesse, le rav de Liska étudiait dans une Yechiva lituanienne, dont les rabbanim étaient des opposants au ‘Hassidisme, et il partageait leur avis. Après son mariage, il décida de jeûner quelques jours, mais compte tenu de sa grande faiblesse, il s’évanouit et fut au bord de la mort. Après d’intenses efforts, les médecins réussirent à le réveiller et à le guérir.

Lorsqu’il se réveilla, il eut droit à un niveau de roua’h hakodèch (esprit prophétique) au point qu’il réussissait à lire sur les fronts de chaque personne ses méfaits et ses bonnes actions. Il découvrit qu’il avait eu accès à ce niveau par le mérite du jeûne qu’il avait effectué. Il décida alors de se rendre en Galicie pour jauger les rabbanim locaux, dont le front révèlerait leur nature.

Il se rendit d’abord dans la localité de Razdil chez rabbi Yéhouda Tsvi de Razdil, auteur du Daat Kedochim. C’était un célèbre génie du Talmud qu’il valait la peine de consulter pour sa Tora.

Lorsqu’il arriva chez le rabbi et le salua, rabbi Yehouda Tsvi remarqua qu’il avait été doté d’un niveau pour percevoir les actions des autres sur leur front, et qu’il en faisait usage pour déceler le mal. Il lui fit aussitôt remarquer: « Si un homme jeûne pendant plusieurs jours, il a déjà acquis son monde futur, or pourquoi chercher à trouver des défauts chez les Tsadikim ?! »

Dès que le rav prononça ces paroles, l’aptitude à lire sur les fronts dont avait bénéficié le rav de Liska lui fut retirée.

Lorsque le rav de Liska s’aperçut de la grandeur du rav de Razdil, et la beauté de la vision des ‘Hassidim qui cherchent à tout prix à développer un regard positif sur les autres, sans s’attarder à chercher leurs défauts, il séjourna chez lui pendant un certain temps, et étudia auprès de lui la Tora et la crainte du Ciel, et s’attacha alors profondément à la ‘Hassidouth. Il s’inclina également devant d’autres Tsadikim de son époque, comme l’auteur du Atéret Tsvi de Dizitchov, et l’auteur du Hékhal Haberakha de Kamarna, et eut également le mérite d’être à la tête d’un groupe de ‘Hassidim.

Ce récit nous enseigne à éviter de suivre le Yétser Hara qui nous incite à chercher toujours des défauts chez les autres, mais à ne voir que ses qualités dont nous pourrons nous inspirer.

La nature de l’homme est de se vanter des qualités qu’il possède et de couvrir ses propres fautes et défauts. Mais pour les autres, il adopte une attitude inverse : il cherche les défauts et non les qualités. Mais la voie de ceux qui craignent D’ consiste à briser cette nature et à découvrir leurs propres défauts, tout en cherchant à découvrir les qualités des autres.

Celui qui voit les défauts chez les autres et ne voit pas leurs qualités entrave son élévation, car il n’a pas de modèle auprès de qui s’instruire. Il n’a aucun désir de s’élever davantage et des dissensions sont créées : en effet, comme il est pointilleux avec les autres, ceux-ci se conduisent de manière identique avec lui, on lui tient rigueur et il ne peut vivre en paix. Nous voyons à la fin de la Meguilath Esther, que Mordekhaï Hatsadik « recherchait le bien de son peuple » : il s’évertuait à déceler le bien chez chaque membre du peuple juif. De ce fait, « il défendait la cause de toute sa race », et ils pouvaient alors vivre en toute sérénité.
Celui qui cherche des défauts chez autrui et non chez lui, se dupe lui-même. À ce sujet, rabbi Sim’ha Bounim de Psishi’ha disait : il est dit dans la Tora (Vayikra 25,14) : « Ne vous lésez point l’un l’autre » : la stricte justice nous interdit de nous léser les uns les autres, mais un homme ‘Hassid qui se conduit au-delà de la stricte loi, a l’interdiction de se duper lui-même.

Son célèbre élève, rabbi Mena’hem Mendel de Kotsk, expliqua qu’un ‘Hassid doit accomplir trois choses : 1) s’examiner constamment et s’analyser en profondeur ; 2) éviter de regarder les autres et de chercher chez eux des défauts ; 3) ne pas rechercher de plaisir personnel.

L’Admour rabbi Yossef Yits’hak de Loubavitch relata un jour que lorsqu’il avait quatre ans, il demanda à son père, rabbi Chalom Dover zatsal : pourquoi le Créateur a-t-Il créé l’homme avec deux yeux ? Son père répondit : l’œil droit fait allusion à une vision positive, et l’œil gauche, à une vision négative. Cela nous enseigner que parfois, il faut faire usage de l’œil gauche pour discerner le mal et s’en protéger, mais la majorité du temps, il faut fermer l’œil gauche et uniquement se servir de l’œil droit pour percevoir le bien.

Ainsi, dans notre paracha, Bil’am dit : «Parole de l’homme au clairvoyant regard. » D’après nos Sages, Bil’am état aveugle d’un œil. Il était spécialiste pour observer uniquement de l’œil gauche et pour trouver le mal, mais n’avait jamais recours à son œil droit pour voir le bien. Ainsi, le traité Avoth (5,19) nous met en garde : « Toute personne dotée d’un mauvais œil est un élève de Bil’am le mécréant et descendra en enfer ».

Il faut nous renforcer dans la voie de nos ancêtres sacrés et n’observer que du bon œil, pour mériter d’accéder directement au Gan Eden.

Chabbath Chalom !

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