Le rabbi de Kalov, par. ‘Houkat : les avantages de la méthode douce

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« Dites au rocher » (Bamidbar 20,8)

Certains adressent des reproches aux autres avec véhémence, justifiant leur conduite par leur crainte du Ciel, mais en vérité, ils sont de nature colérique, et n’ont pas effectué de travail sur soi pour maîtriser leur colère.

De telles personnalités ont du mal à influer les autres à modifier leur conduite, car lorsqu’on adresse des reproches avec colère, la réprimande n’est pas acceptée, comme l’indiquent nos Sages (Avoth 2,5) : «Un impatient ne pourra pas enseigner.»

Ce principe est encore plus valable à notre époque. Dans l’ouvrage Pélé Yo’ets, l’auteur explique que pour la guérison du corps, au fil des époques, les natures et les remèdes ont évolué. Certains remèdes, efficaces dans les temps anciens, ne le sont plus de nos jours. De même, pour la guérison de l’esprit, les temps ont changé, et à notre époque où l’insolence est fortement présente, les réprimandes sévères n’ont plus l’effet qu’elles avaient dans le passé.

Rabbi Chlomo de Radomsk, dans son ouvrage Tiféret Chelomo (Pirké Avoth 1,6) explique, au nom des Tsadikim de sa génération, qu’il convient de ne pas réprimander notre prochain ni de le maudire, mais on est tenu de lui parler avec conciliation et douceur, pour le rapprocher du judaïsme avec amour et insuffler en lui la crainte du Ciel.

Si le rabbi Chelomo de Radomsk l’a écrit à son époque, ce constat est encore plus valable à la nôtre, où les jeunes gens peuvent aisément se lier d’amitié avec de mauvaises fréquentations, par le biais des nouvelles technologies. Il va de soi qu’il est très important pour les parents et enseignants de développer d’étroites relations avec les enfants, en leur parlant avec affection. De même, lorsqu’on veut leur glisser une critique, il faudra s’adresser à eux avec amour, en l’enrobant de compliments. Par exemple, on pourra s’exprimer ainsi : « Il n’est pas digne d’un garçon comme toi de faire telle ou telle chose. »
Nous retrouvons ce thème dans la section de notre paracha. Les commentateurs s’interrogent : pourquoi Moché a-t-il changé d’attitude et a-t-il frappé le rocher, contrairement à l’ordre de Hachem ? De plus, pourquoi fut-il si gravement puni au point qu’on lui refusa l’entrée en Erets Israël ?

Rabbi Yits’hak de Tchernobyl explique que Moché rabbénou avait remarqué que le peuple d’Israël était obtus et provoquait la colère de Hachem, comme il est dit (verset 3) : «Le peuple chercha querelle à Moché ». De ce fait, il frappa le rocher, pour leur communiquer l’idée que dans une telle situation, il est impossible de s’exprimer par la parole, mais il faut se conduire sévèrement, en les frappant avec un bâton et en les obligeant à écouter la parole de Hachem.

Mais Hachem, loué soit-Il, objecta à Moché : si tu adoptes cette attitude, tu n’es pas digne de diriger le peuple d’Israël. Il est vrai que la méthode du bâton était adaptée à la génération de la sortie d’Égypte, habituée aux coups des contremaitres égyptiens, mais ce n’était plus le cas alors. En effet, toute la génération de la sortie d’Égypte n’était plus de ce monde, et la nouvelle génération était un peuple libre qui n’avait pas été habitué à cette méthode. Un autre dirigeant était nécessaire. Son choix se porta sur Yehochou’a, réputé également pour son humilité (d’après le Targoum Yonathan), et qui dirigerait le peuple uniquement par voie de la parole.

Pour aller dans le sens du rabbi de Tchernobyl, ajoutons que Moché rabbénou fut choisi pour diriger le peuple juif, pour sa conduite compatissante envers le peuple, comme le soulignent nos Sages dans le Midrach Rabba (Chemoth 2,2) : lorsque Moché rabbénou était le berger de Yitro dans le désert, l’un de ses chevreaux s’enfuit, et Moché courut pour le rattraper, jusqu’à ce que l’animal se retrouve devant une source d’eau pour s’abreuver. Moché l’avait suivi jusque-là et il dit à l’animal : « Je ne savais pas que tu avais couru parce que tu avais soif, tu dois être fatigué ». Il le porta alors sur son épaule et rejoignit le reste du troupeau. Le Saint béni soit-Il fit alors remarquer : tu as de la compassion pour diriger le troupeau d’un être humain, et de ce fait, tu conduiras le troupeau du peuple d’Israël.
Mais Moché rabbénou était d’avis que la conduite compatissante s’appliquait uniquement aux fils et élèves ordinaires qui se conduisent comme un troupeau. Dès qu’on s’adresse à eux et qu’on les aide, ils se soumettent au berger, mais lorsque la voie de la douceur ne produit plus l’effet escompté, il faut changer de technique et les punir sévèrement.
C’est la raison pour laquelle Hachem demanda à Moché : « Parle au rocher », afin que Moché rabbénou en tire une leçon : chez la nouvelle génération qui s’apprête à entrer en Erets Israël, même s’ils semblent avoir un cœur dur comme un rocher et que rien ne les incite à améliorer leur conduite, il convient de continuer à leur parler de manière agréable, en répétant nos propos et en les guidant à moult reprises. En effet, si on emploie la méthode dure avec eux, ils risquent de s’éloigner et de se retrancher dans leur conduite.
Moché rabbénou eut du mal à modifier sa conduite, et de ce fait, Hachem nomma un nouveau dirigeant, Yehochou’a bin Noun, qui guida avec une grande patience des Juifs qui semblaient a priori imperméables à la parole. Il réussit au fur et à mesure à rapprocher l’ensemble du peuple d’Israël de Hachem, comme le mentionnent nos Sages dans le Tana debé Eliyahou (Eliyahou Rabba parcha 17) : à l’époque de Yehochou’a bin Noun, le peuple d’Israël accepta le règne divin avec amour, comme il est dit (Yehochou’a 24,15-17) : « Que s’il vous déplaît de servir l’Eternel (…). Le peuple répondit : « Loin de nous la pensée de renoncer à l’Eternel. » »

Chabbath Chalom !

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