Tahar Ben Jelloun : « Le 7 octobre, la cause palestinienne est morte, assassinée »

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TRIBUNE. Horrifié par les attaques du Hamas contre Israël, l’écrivain franco-marocain déplore « une blessure faite à toute l’humanité ».

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Moi, arabe et musulman de naissance, de culture et d’éducation traditionnelle, marocaine, ne trouve pas les mots pour dire combien je suis horrifié par ce que les militants du Hamas ont fait aux Juifs. La brutalité, quand elle s’attaque aux femmes et aux enfants, devient barbarie et n’a aucune excuse ni justification.

Je suis horrifié parce que les images que j’ai vues m’ont touché au plus profond de mon humanité.

Je considère qu’on peut résister contre une occupation, lutter contre la colonisation, mais pas avec ces actes de grande sauvagerie.

Le Hamas est l’ennemi du peuple palestinien

Le Hamas est l’ennemi, pas seulement du peuple israélien, mais aussi du peuple palestinien. Un ennemi cruel et sans aucun sens politique, manipulé par un pays où l’on pend de jeunes opposants pour une histoire de voile sur la tête.

La prise d’otages et le chantage à leur exécution ne font qu’exacerber notre colère à tous.

Cette brutalité vient de loin. Certes de l’occupation et des humiliations subies par une jeunesse sans avenir, vite prise en main par un mouvement islamiste dépendant du bon vouloir de l’Iran.

Une blessure faite à toute l’humanité

Non, il n’existe aucune raison à trouver à ce qu’ils ont fait dans les maisons, dans les camps, partout où ils ont pu s’emparer de jeunes en train de faire la fête.

L’horreur est humaine, je veux dire que les animaux n’auraient jamais fait ce que le Hamas a fait. Un ministre du gouvernement de Netanyahou [le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant] a traité les habitants de Gaza « d’animaux ». Non, il y a des hommes sans conscience, sans morale, sans humanité qui ont perpétré les massacres, puis il y a une population qui souffre, qui n’est ni armée ni barbare.

Je le dis, mais ma voix est seule.
Moi, dans ma solitude, dans ma tristesse et ma honte en tant qu’être humain, mon dégoût de cette humanité à laquelle je refuse d’appartenir, je dis, non, c’est un combat qui n’honore pas leur cause. Non, à ces applaudissements dans certaines capitales arabes. Non, à ce triomphe plein de sang des innocents. Non, à l’aveuglement de ceux qui tirent les ficelles d’une tragédie où, tôt ou tard, ce sera la population palestinienne qui payera cette lourde facture.
Cette tragédie, nous la porterons dans notre mémoire comme une blessure faite à toute l’humanité. Une blessure, jamais fermée, jamais oubliée.

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