Oups ! Nos amis sont les amis de nos ennemis…

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Ill : Confucius

Confusion chez Confucius

On a l’habitude, lorsqu’un attentat se produit, que Le Monde s’acharne contre le doigt qui montre le coupable. Les terroristes islamistes n’auront jamais la haine du quotidien de déférence (au prophète). À l’inverse, lorsque l’attentat est revendiqué comme réponse à un blasphème, les frontières entre l’excusisme, l’empathie, la sympathie, le compagnonnage de route et l’atténuation des circonstances ont tendance à se brouiller.

Le quotidien, qui a emménagé, pour ses 75 printemps (arabes), avenue Mendès-France, a dû faire frémir dans sa tombe celui qui a incarné à la perfection l’honnêteté intellectuelle.

Est-ce cette adresse, qui a poussé le journal, le 30 octobre 2020, à admettre du bout des lettres (mais dans le titre) que « Des milliers de musulmans protestent contre Emmanuel Macron au Bangladesh, au Pakistan et dans les territoires palestiniens (le Monde) » ?

On n’avait pas l’habitude que le réel s’aventure boulevard Auguste Blanqui[1], aussi est-on épatés de voir, à deux kilomètres de là, s’élaborer un compte-rendu factuel des manifestations bangladaises et pakistanaises. Il mentionne les drapeaux et les photos de Macron incendiés et cite même les : « Nous sommes tous les soldats du prophète Mahomet », « La France insulte deux milliards de musulmans dans le monde », « Mort à la France ! Mort à Macron ! », « Expulsez le chien français », voire « Décapitez le blasphémateur ».

Le Monde a retrouvé sa boussole à Jérusalem

Ouf ! C’était juste un épisode psychotique que rien ne laissait prévoir, mais rassurons-nous, le quotidien ne s’était pas dé-radicalisé pendant la nuit, comme certains observateurs avaient pu le craindre.

En effet, dès qu’il s’est agi des Palestiniens, il a retrouvé son tropisme : en Somalie, il a entendu des « imprécations », en Tchétchénie, il n’a pas eu d’indulgence pour le mufti qui a « menacé assez clairement les Français vivant en Russie », au Pakistan, il a ouvert les yeux pendant assez de temps pour constater que le « blasphème est une question incendiaire au Pakistan, où même des allégations non prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages » bangladaises et pakistanaises.

Mais à Ramallah, «en Cisjordanie occupée par Israël », les manifestants sont touchants de délicatesse. Ils se sont contentés de piétiner un grand drapeau et d’en brûler d’autres, probablement plus petits. Gaza est traitée avec la même douceur : elle est « dirigée par le Hamas » qu’on ne qualifie pas (alors qu’à deux reprises, dans l’article, il est précisé que Jérusalem est « le troisième lieu saint de l’islam »), « des centaines de Palestiniens ont pris part à des rassemblements anti-français. » On ignore s’ils ont profité de ces rassemblements pour faire du macramé ou siroter du thé à la menthe, mais nul, au Monde, n’a vu de violence. Tout juste des agneaux sacrificiels scandant « Avec nos âmes et notre sang, nous rachèterons le Prophète ».

D’autres sont moins discrets sur la participation palestinienne

Le Huffington Post, par exemple, a remarqué qu’ils étaient des milliers. Des milliers, ce n’est rien de plus que des dizaines de centaines, donc Le Monde n’a pas vraiment menti… Plus grave est le fait que, d’après son confrère, l’attitude des manifestants sur le « troisième lieu saint de l’islam » était loin d’être aussi pacifique qu’il le laissait penser. Les slogans de la foule : « Il n’y a de dieu que D’, Macron est l’ennemi de D’ » et le sermon du cheikh Ekrima Sabri, qui tient notre président responsable « des actes de violence et le chaos en France en raison de ses déclarations provocantes contre l’islam (Huffington Post) » laissent augurer que la vie du responsable en question pourrait ne tenir qu’au fil qui s’est rompu dans le cas de Samuel Paty. Car chez les fanatiques, contrairement à chez nous, « responsable » est synonyme de « coupable ».

Dans le réel, la Cisjordanie de Mahmoud Abbas est tout sauf une démocratie et il ne saurait y être question de manifestations spontanées : les rares militants des droits de l’homme et les quelques journalistes qui ont écrit une parole originale pourraient en témoigner, si des avocats étaient autorisés à leur rendre visite dans leurs cellules. Lorsqu’il y a des manifestations à Ramallah, elles n’ont de « spontané » que le ton sur lequel les miliciens d’Abbas donnent l’ordre aux chauffeurs de cars d’aller convoyer les figurants sur place.

La Palestine officielle menace. Nos médias sont sourds

L’AFP palestinienne s’appelle Wafa et elle est encore moins indépendante du pouvoir politique que l’est la nôtre. C’est elle qui aurait publié la condamnation des actes de violence contre les citoyens français… s’il y en avait eu. Mais nul n’a éprouvé le besoin de compatir aux souffrances des kouffars.

En revanche, l’Autorité palestinienne, notamment son ministère des Affaires religieuses, a affirmé que les caricatures « attisent la haine et l’hostilité » et cette déclaration a eu un écho témoignant de l’efficacité du téléphone arabe !

Macron est cité nommément dans la déclaration officielle, dont chaque mot est pesé à la graine de caroube près[2], alors que le mot « France » n’est pas prononcé. Notre pays reste le seul, ou du moins l’un des principaux soutiens financiers de l’AP subsistant en Europe, aussi le ménage-t-on : « Le ministère – avec tout son personnel administratif et tous les imams, prédicateurs et gardes de la mosquée – a suivi avec un grand ressentiment la publication des caricatures insultant le prophète Mahomet… Nous mettons en garde contre la poursuite de ces affronts… Cela attise l’esprit de haine et d’hostilité et contribue à enterrer la culture de tolérance et de paix entre les peuples.[3]»

On ne parle pas arabe, on peut donc faire comme si les menaces n’existaient pas

Pourtant PalWatch, le « chien de garde » qui surveille les médias palestiniens, a souvent souligné, en anglais et même en français, que les chantages extrémistes ne sont pas proférés que par le Hamas à Gaza. Ils sont 100 % en ligne avec l’idéologie de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Le conseiller d’Abbas sur l’islam, Mahmoud Al-Habbash, a rappelé dans un sermon, il y a quelques jours, que le Coran ordonne de combattre les Israéliens et qu’il est licite de les tuer.

D’ailleurs, à d’innombrables reprises, Abou Mazen (surnom affectueux donné à Mahmoud Abbas) et les religieux sous ses ordres ont déclaré que l’intégralité d’Israël était un Waqf (terre musulmane sacrée un jour, terre musulmane toujours). L’islam fait donc une obligation aux Palestiniens de le reconquérir. Pour ce faire, l’Autorité Palestinienne elle-même salarie les terroristes et, quand ils ont réussi à mourir en même temps que leurs victimes, devenant ainsi des shahids (des martyrs), leurs ayants droit reçoivent une pension de réversion.

Que cela ne nous empêche pas de voir le verre à moitié plein : c’est Israël et les Israéliens que l’islam commande de détruire et d’exécuter, donc il n’y a pas lieu pour les Français de s’inquiéter pour l’instant, puisque notre tour ne viendra qu’en deuxième (« après samedi vient dimanche », en djihad dans le texte). Mais il y aura toujours des pessimistes qui feront remarquer que Charles Martel a arrêté les Arabes à Poitiers et que tout ce qui est au sud du Futuroscope est donc, dès aujourd’hui, à comptabiliser dans le verre à moitié vide.

Prudence est mère de sûreté et Abbas est maître des attentats

C’est pourquoi le président français a pris son téléphone, le 2 novembre 2020, afin de rassurer son homologue cisjordanien sur la pureté de ses intentions.

Il a commencé par réciter la shahada, l’attestation de foi… Ah non, on s’égare ! La shahada, c’est pour se convertir à l’islam et ça tient en une phrase : Achhadou Alla IIaha Illa Allah wa Achhadou Anna Mohammadane Rassoulou Allah. En français : « il n’y a aucun autre dieu qu’Allah et Mahomet (sur lui la paix) est son prophète. »

Ce qu’a récité Macron, c’est « le sésame à la Palestine ». Cela tient aussi en une seule phrase : « Nous sommes pour la paix et pour la solution à deux États. » C’est pratique, ça fait plaisir et ça n’engage à rien, surtout pas à préciser si les deux États sont Israël et les trois quarts de la Palestine mandataire aujourd’hui appelés Jordanie, ou plutôt la Cisjordanie et Gaza, qui sont déjà de facto deux États, bien que leurs dirigeants n’aient jamais pris la moindre mesure concrète pour qu’ils le deviennent de jure.

Foin de l’humour juif : l’humour palestinien est désopilant !

D’après l’agence Wafa, au cours de la conversation téléphonique entre les deux mamamouchis, Mahmoud Abbas a aussi entonné le refrain (dont il ne connaît que la version anglaise, puisqu’il n’en existe aucune en arabe) sur la nécessité de « respecter toutes les religions et leurs symboles » et sur son propre « rejet de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme, d’où qu’ils viennent et sous quelque forme que ce soit (Wafa News Agency). »

Bon, le respect n’est supposé bénéficier qu’à l’islam et le rejet de l’extrémisme doit être pratiqué exclusivement à son égard, mais inutile d’entrer dans les détails, au prix où sont les forfaits téléphoniques…

Ainsi, le fait que les manuels scolaires proposés aux écoliers palestiniens soient d’un antisémitisme hitléro-stalinien n’a rien à voir ni avec l’islam, ni avec Mahmoud Abbas (qui impose la direction éditoriale) ni avec l’Union européenne, qui les finance sans contrepartie morale. Morale ? Vous avez dit « morale » ? Comme c’est cocasse !

Et puisqu’on parle du judaïsme, admirons cette jolie image, qui témoigne du respect des Palestiniens pour les autres religions et leurs symboles religieux : ils ont détruit cette synagogue à Gaza aussitôt que les Israéliens ont quitté la Bande, en juillet 2005. Sans contrepartie tout court.

De son côté, Macron a suivi sa partition du duo de pipeau à la lettre et à la note, jurant qu’il faisait une distinction très nette « entre le terrorisme et l’extrémisme, d’une part, et l’islam et le monde islamique, de l’autre. »

Les musicologues ont été particulièrement sensibles au respect du rythme des silences.

Liliane MessikaMABATIM.INFO

[1] Ancienne adresse du groupe ‘Le Monde libre’ (où le Vespéral logeait déjà avec ses complices : Télérama, L’Obs, Courrier international et Rue89)
[2] Le mot « carat » vient de « caroube » dont les graines servaient de contrepoids pour peser les métaux précieux. Excellent pour les dîners en ville, même si difficile à placer…
[3] Wafa, agence de presse officielle de l’AP, 28 octobre 2020 – Traduction https://palwatch.org/page/18338

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