Procès Merah : Abdelkader défendu de façon surréaliste par sa mère

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La mère des frères Merah a été entendue mercredi aux assises de Paris. Elle n’a pas hésité à charger Mohammed et à exonérer totalement Abdelkader.

Zoulikha Aziri a témoigné, mercredi 18 octobre, lors du procès de son fils Abdelkader Merah. Durant sa comparution, qui a duré près de trois heures trente, elle a déployé de gros efforts pour mettre hors de cause l’accusé, n’hésitant pas à faire porter l’entière responsabilité de ses actes et de leur organisation à Mohammed, abattu en 2012 par la police après avoir tué sept personnes. « Abdelkader n’a rien à voir dans l’histoire qui s’est passée. Ce qu’a fait Mohammed, c’est très grave, mais il est mort », a d’emblée déclaré Zoulikha Aziri, vêtue d’une djellaba beige et d’un foulard moutarde.

« Abdelkader, il était normal, ne posait pas de problème », a insisté sa mère, présentant Mohammed comme « un fou » pour expliquer ses actes. « Depuis tout petit, il a eu des problèmes. Il me disait j’ai un homme qui me parle dans la tête », a-t-elle raconté. Une proche de la famille Merah a raconté mardi que Zoulikha Aziri lui avait dit après les attentats être fière de son fils pour « avoir mis la France à genoux ». Abdelkader Merah est accusé de complicité dans les crimes de son frère Mohammed qui a assassiné sept personnes, dont trois enfants, en mars 2012 à Toulouse et à Montauban.

« Tous mes médecins sont juifs »

En complète contradiction avec le dossier et les témoignages entendus, Zoulikha Aziri a dépeint, dans une salle sous tension, l’image idyllique d’un accusé, « gentil à la maison », pratiquant « un islam normal », quand des proches ont décrit sa violence et son prosélytisme salafiste. « C’est moi qui ai appris la religion, la prière à mon fils, c’est moi qui l’ai envoyé en vacances et suivre des cours en Égypte », a-t-elle notamment affirmé. Quant à Olivier Corel, « l’émir blanc », référent d’Abdelkader et fondateur de la communauté d’Artigat dont sont issus de nombreux djihadistes, elle dit de lui que « c’est un éleveur de moutons ». « C’est Mohamed qui était dans l’extrême de la religion », dit-elle.

Sur son mariage avec Mohamed Essid, père de Sabri Essid, parti combattre en Syrie, elle explique encore que c’est Mohammed qui l’a voulu, alors qu’Abdelkaderlui-même a reconnu l’avoir organisé. Enfin, quand on évoque son antisémitisme, rapporté notamment par l’ex-compagne de son fils aîné, elle avance « tous mes médecins sont juifs » et provoque des ricanements dans la salle. Son attitude jugée insupportable a provoqué la colère des parties civiles : « Les familles attendent la vérité depuis cinq ans », lui a hurlé Mehana Mouhou, avocat de la famille d’Imad Ibn Ziaten, le premier soldat tué par Mohammed Merah. « Vous êtes méchants, vous êtes de la merde », a lancé le frère d’Imad Ibn Ziaten, en pleurs, à la mère de Mohammed Merah avant de quitter la salle soutenu par un proche. « C’est la mère d’un mort », a avancé Me Dupont-Moretti pour les calmer, provoquant en retour de vives protestations du public et des parties civiles debout.

« Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils »

« Oui, cette femme a menti sur un certain nombre de points, c’est une évidence », est convenu Me Dupont-Moretti, mais on ne peut pas demander à une mère de témoigner contre son fils. « Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils », a-t-il ajouté en référence à la célèbre phrase d’Albert Camus. « Dire que cette femme a perdu son fils n’est pas une injure faite aux autres victimes. Les larmes s’additionnent, elles ne s’opposent pas », a-t-il lancé avant que la mère ne quitte la salle escortée par des gendarmes.

Finalement, Zoulikha Aziri aura gardé le silence sur un point-clé de la procédure : les connexions effectuées à son domicile le 4 mars 2012 vers 23 heures à une annonce postée par la première victime sur le site Le Bon Coin pour vendre sa moto. Imad Ibn Ziaten avait précisé qu’il était militaire, ce détail lui sera fatal. « Il n’y avait personne chez moi, j’étais seule », a affirmé la mère. Elle reconnaît qu’Abdelkader était bien chez elle vers 19 h 30, mais affirme qu’il n’est resté que vingt minutes avant de partir et dit ne pas avoir vu Mohammed. L’enquête n’a pas permis de déterminer qui s’est connecté.

Source www.lepoint.fr

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